Page 67 - Rebelle-Santé n° 212
P. 67
PATHOLOGIES
ÉCHELLE DE COTATION
Il existe une échelle de cotation appelée QES (Questionnaire d’Éreutophobie de la Salpêtrière), destinée à estimer la sévérité de la pathologie.
DE LA PEUR DU REGARD DES AUTRES...
Le regard des autres détermine en grande partie l’éreutophobie. Et ceux qui en souffrent ne se conten- tent pas de la peur maladive de rougir en public ou de la peur d’être jugé par les autres ou tout simplement observés. Ils souffrent également d’une forme de honte, d’un sentiment de dévalorisation, de l’impression d’être ridicule ou d’être vulnérable. Certaines théo- ries de l’éreutophobie suggèrent même que le rougissement serait un signe de subordination, voire de soumission à l’autre.
... JUSQU’À L’ISOLEMENT SOCIAL
Comme avec toute phobie, sociale ou non, les éreutophobes vont tout faire pour éviter les situa- tions « à risque ». Ils se coupent progressivement des environne- ments sociaux ou professionnels et s’isolent, évitent les rencontres des personnes du sexe opposé, arguant d’une timidité maladive ou d’un manque de confiance en eux. Cer- tains vont même jusqu’à couper les ponts avec leurs proches ou leur fa- mille. Derrière cette pathologie qui pourrait apparaître comme anec- dotique ou touchante se cache par conséquent un handicap social et/ ou professionnel important pour lequel le problème n’est pas telle- ment le fait de rougir, mais d’avoir peur de rougir devant un public et/ ou que ce rougissement soit mal interprété.
CERCLE VICIEUX
L’éreutophobie est un trouble an- xieux qui peut s’accompagner d’autres symptômes, comme une sudation intense du visage, source d’un inconfort supplémentaire. En- fin, toujours dans l’intention de masquer leur trouble, certains éreutophobes vont même jusqu’à utiliser une fausse barbe ou du ma- quillage, sans parler des lunettes et du couvre-chef recouvrant le haut du visage ! Et vouloir contrôler son rougissement ne fait que l’ac- croître. Un véritable cercle vicieux s’enclenche.
UN NÉCESSAIRE TRAVAIL SUR SOI
Antidépresseurs, anxiolytiques, bétabloquants... La tentation de traiter en première intention l’éreu- tophobie par les médicaments classiques de la pharmacopée psychiatrique ou cardio-vasculaire (bétabloquants) n’est pas justifiée. Le traitement est d’abord psycholo- gique, à l’instar des autres phobies. Il comporte les thérapies cognitivo- comportementales (TCC), les psy- chothérapies, la gestion du stress ou encore les médecines douces (sophrologie, yoga, hypnose...). Ce n’est qu’en cas d’échec de la psy- chothérapie, ou lorsque l’anxiété est intense et empêche tout abord psychothérapeutique, que peut être envisagée la prescription de médi- caments.
Dr Daniel Gloaguen
*Dans certains cas, l’érythropho- bie désigne la peur de la couleur rouge.
ACTIVATION DU SYSTÈME NERVEUX « SYMPATHIQUE »
L’éreutophobie serait liée à l’activation du système dit
« sympathique ». Il existe
deux systèmes neurologiques contrôlés par le cerveau : le système sympathique qui gère les nerfs dits « excitateurs », destinés à préparer l’organisme à l’activité physique, et le système parasympathique dont les nerfs dits « freinateurs » inhibent le système sympathique. Ces deux systèmes sont particulièrement impliqués dans les symptômes du stress. Le système sympathique les produit, le système parasympathique tente d’en limiter les effets. Rappelons que la rougeur du visage et la sudation correspondent à des symptômes associés au stress.
JEUNES SURTOUT
Si la peur de rougir peut concerner tout un chacun, hommes et femmes, à n’importe quel moment de la vie, ce
sont surtout les adolescents et notamment les jeunes filles lors de la puberté qui en font les frais.
ÉVALUEZ VOTRE ÉREUTOPHOBIE
Faites le test QES : http://pelissolo.over-blog.com/article-mesurer-votre-ereutophobie-97998977.html
Rebelle-Santé N° 212 67