Page 66 - Rebelle-Santé n° 212
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PATHOLOGIES
GUÉRIR L’ÉREUTOPHOBIE
POUR NE PLUS AVOIR PEUR DE ROUGIR EN PUBLIC
Quoi de plus émouvant que quelqu’un qui rougit et qui montre ainsi sa fragilité émotionnelle ? Pourtant, la pathologie anxieuse qui correspond à la peur maladive de rougir en public est un grave handicap social.
Dr Daniel Gloaguen
«J’évite de sortir de chez la mesure où les éreutophobes situations gênantes, de désir ou en-
moi car j’ai peur de rou-
gir devant les autres » ou « Jamais je n’oserai le(a) regarder car je vais rougir ». Deux phrases habituelles parmi d’autres et pro- noncées par les « éreutophobes », autrement dit ceux qui ont une peur obsédante de rougir en pu- blic, une phobie sociale qu’on appelle aussi érythrophobie*. Ce rougissement n’est pas imaginaire. Il correspond à une vasodilatation intense, une bouffée de chaleur liée à un afflux de sang remontant du ventre ou du thorax vers le cou et le visage. Il s’agit d’une peur maladive. Et compréhensible dans
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rougissent en moyenne entre 20 à 30 fois par jour !
DE LA SIMPLE ROUGEUR...
5 % à 10 % des Français présen- tent une phobie sociale : peur de parler en public, peur de la foule, peur d’être jugé... Parmi eux, 20 % souffriraient d’éreutophobie, soit environ 1 % rapporté à l’ensemble de la population. Pour autant, le simple fait de rougir, partagé natu- rellement par 10 % de la popula- tion, ne constitue pas nécessaire- ment de l’éreutophobie. On peut rougir de plaisir, lors de certaines
core de colère, c’est-à-dire rougir en public sans être atteint d’éreuto- phobie dans la mesure où ce symp- tôme ne déclenche pas de trouble anxieux et ne s’accompagne pas d’évitement des situations à risque.
... À L’ÉREUTOPHOBIE MALADIE
Les phobies – c’en est une –, quel que soit l’objet phobique (les autres, la peur du vide, les araignées, les serpents...), ont toutes en commun l’anticipation (ici la peur de rougir) et la mise en place de stratégies d’évitement des situations à risque.