Page 6 - Le Petit Journal n° 191
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Petit journal
Christophe Guyon : À quel moment avez-vous pris en compte les signaux que vous envoyait votre corps ? Nadia Guiny : Deux ans avant. J’ai ressenti une grande fatigue, puis une deuxième mononucléose, alors que, normalement, on n’en fait qu'une fois dans sa vie. Et puis, suite à une chute, les symptômes de la maladie orpheline se sont déclarés. C'est là que j'ai compris que je n'allais pas pouvoir continuer de cette façon-là. J'ai été en arrêt maladie et il m'a fallu des mois avant de mettre le terme de burn-out sur ce qui m'arrivait. Le médecin neurologue ne pouvait pas rapprocher cette maladie orpheline d'un burn-out.
Mais c’était un burn-out qui avait pris une forme singu- lière, celle d'une maladie orpheline neurologique répu- tée inguérissable.
Quelle en était la cause ?
Le perfectionnisme. Je suis très impliquée dans mon tra- vail, avec un côté un peu jusqu'au-boutiste. J’avais une charge de travail qui augmentait sans cesse, mais sans les ressources correspondantes. J’en suis arrivée à tra- vailler le soir, le week-end. Je ne dormais plus la nuit, car mon cerveau continuait à travailler.
J’ai aussi été victime de harcèlement moral. Mon supé- rieur hiérarchique me faisait comprendre que tant qu’il serait là, je n'évoluerais pas dans l'entreprise. Malgré les compliments sur mon travail, il me disait clairement d'aller voir ailleurs, sans me proposer de solution. J'étais restée 14 ans dans cette entreprise où j'ai beaucoup donné, alors j’ai redoublé d'efforts pour montrer qu'il se trompait. J'en faisais plus, mais sans reconnaissance. J’étais dans une impasse.
Il fallait partir. Sauf que quitter un job de salarié que l’on
maîtrise pour sauter dans l'inconnu, ça demande un courage que je n'ai pas eu à ce moment-là. Je voyais ce qui m'appelait, mais je n'étais pas capable d'y aller. Le corps est venu à la rescousse en m'arrêtant.
Il y a donc eu un diagnostic médical ?
J'ai une certaine chance, je n'ai pas connu d'errance médicale, car diagnostiquer une maladie orpheline peut prendre des années. Comme j’aime comprendre, j'ai trouvé une solution. J'ai pris une planche d'écorché anatomique, j'ai touché mon corps en me demandant où j'avais mal. J'ai cherché sur la planche le nom des muscles correspondants et j'ai tapé ces mots-clés sur Internet. Une expression est sortie ra- pidement : dystonie cervicale. J’ai vu des vidéos, c’était exactement ce que j'avais. Mais surtout j'ai vu, qu’au fil des ans, les gens devenaient invalides, se désocialisaient. Je me suis dit : « Si c'est ça qui m'attend, ça ne vaut pas la peine de vivre. » J'ai donc décidé de tout faire pour échapper à cela.
Quel était le traitement médical ?
C’est un traitement de confort, puisqu'il n'y a pas de gué- rison. Cette maladie envoie, par influx nerveux, de mau- vaises informations aux muscles qui spasment. Chez moi, toute la partie supérieure du corps était touchée. J'avais des mouvements incontrôlés, j’avais perdu ma vertica- lité. En cascade, tout se déglinguait, avec fatigue et dou- leurs. La médecine proposait seulement des injections de Botox. C'est un poison. Il est injecté à petite dose dans les muscles profonds pour les paralyser et empêcher les spasmes.
Comment avez-vous trouvé votre voie de guérison ? Lorsque j’ai vu le neurologue la première fois, il a confir- mé mon diagnostic et m’a donné rendez-vous pour des injections de Botox. Quand je lui ai demandé combien de temps on allait faire ça, il m'a regardée avec un peu de commisération et m'a dit : « Vous ne m'avez pas bien compris, c'est à vie. On ne guérit pas. » C'était terrible, violent, sans aucune empathie. Ça m’a mise très en co- lère. En sortant, je me suis dit : « Toi, tu ne me reverras pas. » Et ensuite : « Je vais guérir et je vais te montrer que c'est possible. »
Quand on vit un burn-out, on n'a plus d'énergie. Le peu qu’il me restait, c'était une petite braise. Avec son pro- nostic, il avait soufflé dessus. J'allais mettre toute mon énergie dans la guérison.
Comment s'est passée la recherche de solutions ? Un peu tout azimut. Étonnamment, je n'ai pas fait le choix d'aller vers une thérapie verbale. Comme c’était le corps qui parlait, c'est par le corps que je voulais trouver la solution. J'ai donc exploré plein de choses. J'ai travaillé en transgénérationnel, j'ai exploré le Re- birth, j’ai revu ma nourriture, je suis allée du côté de la kinésiologie, de la médecine traditionnelle chinoise...
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6 PJ Petit Journal Rebelle-Santé N° 191
© JF Sans