Page 19 - Rebelle-Santé n° 234
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    NUTRITHÉRAPIE
  RÉTINOL VERSUS BÊTA-CAROTÈNE
C’est à dessein que j’emploie le terme rétinol pour parler de la « vraie » vitamine A – celle dite « préfor- mée » – par opposition au bêta-carotène, principal précurseur du rétinol, qualifié de « provitamine A ».
Auparavant, on pensait que l’organisme convertissait facilement le bêta-carotène fourni par les végétaux au fur et à mesure de ses besoins. C’était sans compter sur le polymorphisme génétique qui fait de chacun de nous un être véritablement singulier.
À 99,9 %, nous partageons le même ADN. La diffé- rence se fait donc sur le 0,1 % restant, qui rassemble les variations génétiques propres à chacun. Ce maigre pourcentage s’avère largement suffisant pour induire des différences visibles (taille, couleur des yeux ou des cheveux...) et invisibles (notamment la capacité à absorber et à métaboliser les nutriments ou les médicaments).
Le cadre étant posé, j’en reviens au bêta-carotène, dont la transformation en vitamine A s’effectue dans l’intestin grâce à une enzyme spécialisée, la bêta- carotène 15,15’-monoxygénase ou BMCO1, pour faire plus court. Or, cette enzyme est codée par un gène dont il existe différents variants faisant de chacun d’entre nous un bon ou un mauvais convertisseur de bêta-carotène en vitamine A.
Différents travaux de recherche indiquent que la réduction d’activité de l’enzyme BMCO1 provoquée par certains variants génétiques affecte une grosse minorité de la population mondiale. Un végétarien a de l’ordre d’une chance sur trois à une chance sur deux d’être génétiquement prédisposé à mal convertir le bêta-carotène en vitamine A. De sur- croît, différents problèmes de santé peuvent éga- lement contrecarrer la bonne conversion de bêta- carotène en vitamine A : hyperperméabilité intes- tinale, maladies intestinales inflammatoires, parasi- toses, hypothyroïdie.
LA SUPPLÉMENTATION EN VITAMINE A
Dénicher un complément alimentaire estampillé vita- mine A relève quasiment de la mission impossible – sauf à en commander directement Outre-Atlantique. Nouvelle désillusion si vous lorgnez du côté des multivitamines car la « vraie » vitamine A y est sys- tématiquement remplacée par du bêta-carotène. Le spectre de la toxicité de la vitamine A explique-t-il à lui seul la frilosité des labos français ?
Il reste heureusement possible d’augmenter significati- vement ses apports en vitamine A en consommant de l’huile de foie de morue, plus communément asso- ciée à la vitamine D qu’à la vitamine A depuis que l’on a découvert qu’il suffisait de donner aux enfants une cuillerée à café par jour de cette huile pour les protéger du rachitisme, conséquence pathologique d’une carence sévère prolongée en vitamine D. En réalité, l’huile de foie de morue est beaucoup plus riche en vitamine A puisqu’elle en contient dix fois plus que de vitamine D !
Il est facile d’obtenir de l’huile de foie de morue sous forme de gélules plus ou moins dosées en vitamine A. Des gélules à prendre de préférence au début ou pen- dant les repas afin d’éviter d’éventuels renvois.
Comme il est le seul du genre à être disponible en France, je vous donne les références d’un produit es- tampillé vitamine A d’origine américaine : A-Mulsion (Energetica Natura). Il s’agit d’une vitamine A émul- sionnée, donc facilement assimilable. Chaque goutte apporte environ 2000 UI de vitamine A. Une alterna- tive plus qu’intéressante pour les personnes rencon- trant des difficultés à digérer l’huile de foie de morue.
FOCUS SUR LE COUPLE VITAMINE A-VITAMINE D
Dans l’éventualité d’une prise prolongée de vitamine A au-delà des apports recommandés, veillez à vous sup- plémenter parallèlement en vitamine D. En effet, si la vitamine D requiert une petite quantité de rétinol
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