Page 18 - Rebelle-Santé n° 234
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NUTRITHÉRAPIE
VITAMINE A
La grande oubliée
   Didier Le Bail
  À la faveur de cette pandémie sans fin, la vitamine D est devenue la reine des vitamines, mettant un terme au règne sans partage de la vitamine C. Quant à la vitamine A, rien n’y fait : elle reste reléguée dans l’ombre, alors qu’elle œuvre tout autant que ses deux consœurs pour notre immunité. Un article n’est donc pas de trop pour la réhabiliter et la débarrasser, au passage, de cette réputation de toxicité qui lui colle à la peau.
La vitamine A a été découverte en 1913. Comme L’importance de la vitamine A pour l’immunité se me-
elle fut la première des vitamines à avoir été
identifiée, on lui attribua la lettre A. Mais elle est également connue sous le nom de rétinol parce qu’elle a été isolée dans la rétine la première fois.
La vitamine A est indispensable à l’organisme. De fait, elle intervient dans de nombreux processus métabo- liques et physiologiques tels que les mécanismes de la vision, la différenciation cellulaire, la spermatogé- nèse, le développement fœtal et l’immunité.
VITAMINE A ET IMMUNITÉ
De nombreux micronutriments sont indispensables au bon fonctionnement du système immunitaire, à commencer par certaines vitamines. Dès le début de la vague pandémique, des thérapeutes versés dans les médecines naturelles ont vanté, à juste titre, les mérites des vitamines C et D pour soutenir le système immuni- taire dans son combat contre le Sars-CoV-2. Des études épidémiologiques ont d’ailleurs rapidement mis en évi- dence une corrélation très forte entre carence en vita- mine D et sévérité et mortalité du Covid-19.
En revanche, pas un mot sur la vitamine A. Pourtant, en manquer n’est pas conseillé car cela risque, par exemple, d’entraîner une diminution de l’activité bio- logique de la vitamine D ! Une belle illustration du fait que les micronutriments pro-immunité (vitamines A, C, D, E, sélénium, zinc...) agissent de façon complé- mentaire.
sure aussi à sa grande polyvalence qui lui permet de participer activement au bon fonctionnement des trois niveaux de défense immunitaire que sont les barrières physiologiques (notamment les muqueuses oculaire, respiratoire et digestive), l’immunité innée (ou natu- relle) et l’immunité acquise (ou adaptative).
Dans les pays en voie de développement, la carence en vitamine A est un véritable problème de santé pu- blique qui affecte en premier lieu les enfants. Environ un tiers d’entre eux sont carencés parce que leur accès aux aliments d’origine animale riches en vitamine A est limité. Inutile de dire que cela altère grandement leur immunité (infections à répétition, sévérité accrue de maladies infectieuses...).
Dans les pays développés, les carences vraies en vita- mine A sont pratiquement inexistantes. Pour autant, la situation n’est pas idyllique. Aux États-Unis, par exemple, plus des trois-quarts de la population âgée de 19 à 50 ans consomment des doses de vitamine A inférieures aux apports recommandés (1). Ce qui les place en zone grise, autrement dit en état de subca- rence.
Les végétariens stricts sont eux aussi à risque de défi- cit en rétinol. Une baisse de la vision nocturne, une plus grande susceptibilité aux infections et/ou des problèmes d’inflammation chronique constituent des signaux d’alerte d’un déficit marqué en rétinol.
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