Page 106 - Rebelle-Santé n° 216
P. 106

LE PETIT JOURNAL DE Rebelle-Santé
Elle met en symbiose la croissance du vivant, l’efficience de notre technolo- gie et la qualité de nos liens humains.
Comment cette économie crée- t-elle des écosystèmes ?
Elle le fait à l’image de la permacul- ture. Une exploitation en permacul- ture est un ensemble d’écosystèmes. À l’échelle de la parcelle de terrain, elle met en coopération des espèces qui vont s’enrichir mutuellement. L’art du permaculteur est de favoriser ces échanges, c’est-à-dire de per- mettre aux plantes de faire circuler les ressources entre elles pour se po- tentialiser mutuellement. Cela crée un écosystème où chaque espèce a plusieurs fonctions : production de nourriture, de nutriments, régulation de l’eau, production de paysages, etc. C’est surtout hyper productif et quasiment autonome. L’économie symbiotique crée des écosystèmes sociaux de la même façon.
La nature est une source d’inspiration importante dans l’économie symbiotique ?
Oui, le biomimétisme, où on s’inspire du vivant pour répondre à des pro- blèmes, permet de trouver de nom- breuses solutions intelligentes et résilientes.
Je reviens du Japon où j’ai pris leur TGV, le Shinkansen. Ce train a eu de gros problèmes d’aérodynamisme. Il vibrait beaucoup et ne pouvait pas- ser dans les tunnels à grande vitesse à cause des pressions d’air brutales. La solution est venue du martin- pêcheur.
Pour attraper les poissons, cet oi- seau doit plonger dans l’eau très vite et sans remous. En reproduisant la forme du bec du martin-pêcheur sur le nez du train, les problèmes de vi- bration ont été résolus et le train économise jusqu’à 10 % d’énergie.
Un autre aspect de l’économie symbiotique est le principe
de la fonctionnalité. De quoi s’agit-il ?
C’est de privilégier l’usage plutôt que la possession. On s’aperçoit, par exemple, qu’on utilise une per- ceuse seulement quelques heures par an. Tout le reste du temps, c’est de la matière immobilisée pour rien. Si, au lieu de cela, on louait ce type d’équipement, on n’aurait pas besoin d’en fabriquer autant. De plus, dans cette logique, comme l’appareil ap- partient au constructeur, ce dernier a intérêt à réaliser des objets solides. On sort donc de l’obsolescence rapide et on diminue drastiquement la con- sommation de matière. Ce qui est va- lable pour l’outillage, l’est aussi pour les voitures, les objets informatiques et de nombreux autres produits. Si on ajoute à cela une fabrication basée sur la modularité et l’interopérabilité, l’efficience se trouve multipliée.
Petit Journal Rebelle-Santé N° 216 page 106


































































































   104   105   106   107   108