Page 114 - Rebelle-Santé n° 191
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pathologies
LE SYNDROME
DE PARSONAGE-TURNER ou quand l’épaule souffre sans raison évidente
Tendinite, périarthrite d’épaule, nécrose ou tumeur du col de l’humérus, voire fracture ou luxation après une chute... Les raisons de souffrir d’une épaule ou de perdre sa musculature ne manquent pas au quotidien. Mais quand rien ne semble expliquer les douleurs et la fonte des muscles, pourquoi ne pas envisager l’existence d’un syndrome de Parsonage-Turner ?
Le syndrome de Parsonage- Turner (SPT) est rarement évoqué de prime abord devant une douleur de
l’épaule associée à une para- lysie. Pour qu’il le soit, encore faut-il connaître ce syndrome rare méconnu par la plupart des pra- ticiens. Rare ? Pas si sûr. Le SPT est peut-être plus fréquent qu’on ne le croit, car confondu avec d’autres pathologies aux symp- tômes similaires. Pour autant, la fréquence exacte de cette patho- logie n’est pas vraiment connue, avec moins d’un millier de cas mondiaux publiés depuis sa des- cription. Quoi qu’il en soit, cette pathologie neurologique, décrite en 1948 puis en 1957 par les deux neurologues britanniques (étude sur des soldats britanniques) qui lui ont donné son nom, mérite d’être connue et prise en charge précocement afin de laisser toutes ses chances à l’articulation.
L’HOMME SURTOUT
Pour une raison encore indéter- minée, le SPT touche surtout les hommes (trois hommes pour une
femme) entre 20 et 40 ans et concerne l’une ou plus rarement les deux épaules, simultanément ou successivement. L’atteinte siège le plus souvent à droite, même chez les gauchers. Les réci- dives sont exceptionnelles.
FACTEUR DÉCLENCHANT
Dans la majorité des cas, le SPT est précédé, deux ou trois se- maines auparavant, par un phé- nomène déclenchant. D’après certains spécialistes, le tatouage serait un facteur de risque d’ap- parition du SPT. D’autres incri- mineraient la vaccination (TAB, tétanos, sérothérapie...), une intervention chirurgicale intracrâ- nienne, le surmenage de l’épaule (sac à dos, basket-ball, muscula- tion...), la désensibilisation aux pollens, l’héroïnomanie ou, plus vraisemblablement, une mala- die infectieuse (syndrome viral, fièvre éruptive, hépatite, broncho- pneumopathie, infection intes- tinale, zona, mononucléose...). La plupart estiment que le méca- nisme est allergique ou immuno- allergique. Enfin, on décrit des
formes familiales survenant chez l’adulte jeune (20 à 30 ans). Une prédisposition génétique est donc également possible.
DES DOULEURS...
Le SPT se manifeste d’abord par des douleurs inexpliquées sem- blables à un broiement ou à une brûlure. Soudaines et intenses, elles affectent l’épaule, le bras, l’avant-bras et irradient parfois dans le cou. La mobilisation de l’articulation et les efforts de toux les accentuent. Les douleurs cè- dent en une quinzaine de jours. Secondairement vont apparaître une paralysie (difficulté à bou- ger l’épaule ou le bras) puis une amyotrophie sévère, autrement dit une fonte musculaire des muscles de l’épaule et parfois du bras (cf encadré), qui s’accompagne de troubles de la sensibilité superfi- cielle.
... PRÉCÉDANT LA FONTE MUSCULAIRE
Rappelons que si l’innervation est indispensable à la commande musculaire et donc au mouvement
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