Page 19 - Rebelle-Santé n° 223
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    Marc Barra se passionne pour le vivant, le DES BÉNÉFICES POUR LES HUMAINS fonctionnement des végétaux, l’évolution
des populations d’insectes ou d‘oiseaux.
Surtout, il s’intéresse à la place de la na- ture dans nos lieux de vie, particulièrement en ville. Il est écologue. Ce n’est pas la même chose qu’un écologiste. L’écologue est un scientifique qui étudie le vivant dans toutes ses dimensions. Ce métier compte énormément de spécialités, autant que de milieux dif- férents sur la planète : l'écologie marine, l'écologie du sol, l'écologie des milieux forestiers, etc.
LA NATURE EN VILLE
Marc Barra s’intéresse particulièrement aux milieux urbains et périurbains puisqu’il travaille à l’agence régionale de biodiversité d’Île-de-France. C'est un or- ganisme public, présent dans chaque région, qui joue d’abord un rôle d’observatoire de la biodiversité en ré- coltant des données sur la faune, la flore, et différents groupes d'espèces. Ensuite, elle met à disposition du public et des élus ces connaissances sous forme de guides, d’études ou de formations. Elle accompagne aussi les acteurs de terrain pour adopter des pratiques plus favorables à la biodiversité.
 À travers ses travaux, Marc Barra essaie de trouver et de faire connaître des solutions pour améliorer la si- tuation de la nature en ville qui ne se limite pas à un rôle décoratif. Son intégration en bonne intelligence apporte une série de bénéfices aux bipèdes dominants que nous sommes. Entre purification de l’air, rafraîchis- sement de l’atmosphère, limitation des inondations et rechargement des nappes phréatiques, la nature en ville est notre alliée N°1, sans oublier ses bienfaits directs sur la santé. Marc Barra nous en dit plus sur son métier.
RENCONTRE
Quelle différence y a-t-il entre un écologue, un agronome et un paysagiste ?
Un écologue étudie le vivant, son évolution, ses pro- cessus écologiques. Pour simplifier, là où un agro- nome va s'intéresser à la productivité des sols dans les champs, un écologue va plutôt s'intéresser aux or- ganismes vivants qui habitent ces sols, aux fonctions utiles apportées à l'agriculture, mais pas forcément à la productivité. En ville, un paysagiste s'intéresse par- fois seulement au végétal plutôt dans le sens esthé- tique, dans le sens de l’horticulture. Un écologue va considérer le vivant dans son ensemble (faune, flore, fonge) et aux conditions pour qu’il prospère en ville. Ce sont des visions assez différentes et la société mé- connaît encore le métier d’écologue.
Comment se porte la nature en région parisienne ?
On y observe à peu près le même recul que sur l’en- semble de la planète : un déclin de la biodiversité en accélération. En Île-de-France, les oiseaux communs ont diminué de 22 %, en nombre d'individus. Les oi- seaux sont des espèces dites parapluies. Quand elles ne se portent pas bien, c'est qu'il y a un impact sur le reste de la chaîne du vivant. Les insectes sont égale- ment en déclin. Les papillons enregistrent des baisses jusqu'à -33 % dans les villes. Ils sont de bons indica- teurs de la façon dont on gère nos espaces verts. En revanche, le milieu forestier se porte plutôt bien. Les forêts augmentent en France et en région parisienne. Deux tiers des forêts sont privées et donc pas trop gé- rées. Cela entraîne une certaine naturalité qui permet l’épanouissement des espèces.
En ville, est-ce l'artificialisation des sols qui provoque ce déclin ?
Il n'y a jamais qu'un seul facteur. La biodiversité est complexe et tributaire d'un ensemble de facteurs dont la pollution, qu’elle soit aux pesticides chimiques, au CO2 ou aux perturbateurs endocriniens, mais aussi
   PHOTO : MARC BARRA
Plantes grimpantes à Paris 19e
 Rebelle-Santé N° 223 19
ENVIRONNEMENT
 

















































































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