Page 20 - Rebelle-Santé n° 223
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ENVIRONNEMENT
Christophe Guyon
 PHOTO : MARC BARRA
Espace végétalisé
à la maison du Val Caron à Courbevoie
 l’extension des villes, l'imperméabilisation des sols, la fragmentation, via les routes, qui coupent un pay- sage en deux et empêchent les espèces de se déplacer. C'est pour cela que l'on veut faire des trames vertes. Mais, en Île-de-France, il y a aussi de bonnes nou- velles. La flore spontanée en ville a plutôt tendance à augmenter. Sur les sept dernières années, on observe jusqu'à + 90 % de richesse en plantes spontanées dans les espaces urbains. Ce sont des changements de ges- tion d'espaces verts dans les villes où on laisse l’herbe pousser au bord des trottoirs ou aux pieds des arbres. C'est l'acceptation de la flore spontanée. Donc, c'est réversible. Si demain on change les pratiques, la bio- diversité peut revenir.
Dans une ville, quels bénéfices apporte la nature ?
On a longtemps vu la nature uniquement comme un décor. On se rend compte qu'elle nous apporte des fonctions utiles. Deux images illustrent cela. D’abord, la nature est un climatiseur. Quand il fait chaud, l'été, on va se réfugier à l'ombre des arbres. Mais en plus, les arbres transpirent. Quand ils ont de l'eau, ils rafraî- chissent. Dans une ville comme Lyon, qui vient d’ob- tenir le titre de capitale française de la biodiversité, on
a végétalisé la rue Garibaldi et mesuré le rafraîchisse- ment généré par les arbres. Lors des deux dernières canicules, le rafraîchissement par les arbres était de l’ordre de 3°. La nature fait aussi office d’éponge avec l'eau de pluie. Plus il y a d'espaces verts dans les villes, plus il y a de sols non imperméabilisés, moins il y a de ruissellement et donc moins de risques d'inon- dations. Et cela permet de mieux recharger les nappes phréatiques.
La biodiversité, en tant que telle, a-t-elle des vertus ?
Une expérience pionnière en écologie aux États-Unis a montré que les prairies les plus diversifiées en nombre d'espèces mais aussi en nombre de gènes sont les plus résistantes aux aléas, notamment environnementaux. Elles sont aussi les plus productives. La biodiversité est donc à la base du bon fonctionnement des éco- systèmes. Quand on réduit la biodiversité à zéro dans des pratiques agricoles de monoculture, on a l'impres- sion à court terme que c'est plus productif. Mais c'est peu résistant aux aléas, peu résistant aux pathogènes. Alors on utilise des pesticides pour lutter contre ces pathogènes. Tandis que les systèmes très diversifiés s'adaptent aux aléas de l'environnement.
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