Page 18 - Rebelle-Santé n° 200
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la chronique
de Pınar Selek
avec jeaN-michel beNattaR
l’art de soigner avec humanité
Sur la même longueur d’ondes que Martin Winckler
Le mois dernier, en lisant le su- perbe livre Le Chœur des femmes, de Martin Winckler, et en écrivant
ma dernière rubrique, je n’ai pas arrê- té de penser à un autre médecin qui partage la même philosophie. Je veux parler de Jean-Michel Benattar, qui est gastro-entérologue et hépatologue à Nice, mais qui est, aussi et avant tout, une belle personne. Cela fait long- temps que j’ai envie de vous parler de son expérience et de ses engagements, si proches de ceux de Rebelle-Santé, qu’il lit attentivement, d’ailleurs !
une fourmi infatigable...
J’ai connu Jean-Michel Benattar à mon arrivée à Nice, il y a deux ans. Je pré- sentais un de mes livres. À la fin de la rencontre, il est venu me faire un cadeau : un livre qui raconte le récit du Réseau Marcel (Fred Coleman, Le réseau Marcel, Acropole, 2015),
réseau de résistance créé à Nice, en 1943, pour sauver les enfants juifs. Il m’a dit : « Bienvenue à Nice, il y a toujours eu de la résistance ici ». En fait, il me conseillait, par ce geste, de bien regarder autour de moi les fleurs grandissantes, les graines semées, les fourmis infatigables... dans cette ville où je m’installais. Jean-Michel Benattar est l’une de ces fourmis qui sèment et qui arrosent les fleurs pour tout le monde. Il aime les cigales, il crée des liens entre les Niçois en organisant des concerts chez lui... Et bien d’autres choses. C’est un citoyen engagé... Il ne veut pas ÊTRE quelque chose. Il veut FAIRE quelque chose. Oui, vous avez bien lu, c’est d’un médecin que je parle, un gastro-entérologue et hépato- logue réputé de Nice qui affirme que « soigner avec humanité est un acte de résistance ». C’est un soignant qui re- met l’humain au cœur de la médecine en insistant sur trois principes : principe
d’autonomie, principe de bien- veillance, principe de non malfai- sance. Il met en pratique cette belle parole : « Nous devenons justes par la pratique d’actes justes » (P. Le Coz, Pe- tit traité de la décision médicale, Seuil, 2007, p. 107). Selon lui, s’il existe de nombreux outils pour « soigner en- semble et chacun », ces outils ne sont pas toujours connus ou difficiles à être acceptés et mis en place.
J’étais un robot...
Il n’a pas toujours été comme ça ! Il le raconte avec humilité : « Jusqu’à il y a 10 ans, j’étais un robot. Je croyais tout savoir. Médecin libéral, j’exerçais à Nice depuis 25 ans... Mais quatre ou- vrages récents ont provoqué chez moi de véritables électrochocs. » D’abord, il a lu le « Petit traité de la décision mé- dicale » de Pierre Le Coz, puis « Media- tor 15 mg, combien de morts ? » d’Irène
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