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ÉDUCATION
Lucie Servin
"LES ABEILLES"
Une BD pour comprendre pourquoi elles sont en danger
L'année 2016 a été une année catastrophique pour m’achèterait cet essaim. Un voisin qui avait des abeilles
les apiculteurs français. Alors que plus d’un tiers
de notre alimentation dépend des abeilles, véri- tables ambassadrices de la biodiversité et pollinisa- trices indispensables, celles-ci disparaissent, mena- cées de toutes parts par le dérèglement climatique et l’empiétement des humains et de l’agriculture sur leur milieu. Yves Le Conte est chercheur à l’INRA- Avignon, directeur de l’Unité de recherche Abeilles et Environnement. Pour mieux faire connaître les abeilles et les dangers qui pèsent sur elles, il publie, avec le dessinateur Jean Solé, une bande dessinée éducative dans l’excellente collection la Petite Bédéthèque des Savoirs des éditions du Lombard*. Rencontre.
Comment vous êtes-vous intéressé aux abeilles ?
Yves Le Conte : J’ai été élevé à la campagne dans la Sarthe et j’ai toujours été fasciné par les insectes et les petites bêtes. Quand un apiculteur est venu dans ma classe au collège nous faire un exposé sur les abeilles, j’ai attrapé le virus. J’ai ensuite déniché une ruche dans le grenier de ma grand-mère, sans que je sache com- ment elle avait atterri là. Je me rappelle simplement qu’il y avait à l’intérieur des cadres cirés et j’ai tout de suite adoré cette odeur, si bien que j’ai tanné ma mère pour récupérer un essaim et l’installer à l’intérieur de cette ruche. On a négocié : si je travaillais bien à l’école, elle
lui a vendu une colonie et c’est comme ça que j’ai eu ma première ruche. J’avais douze ans. Au début, je n’y connaissais rien, j’osais à peine l’ouvrir sans matériel, puis, peu à peu, j’ai pris confiance en bricolant comme je pouvais les premières années. Malgré les angoisses de ma mère, c’était pour moi le début d’une belle his- toire. Ma passion pour les abeilles ne m’a jamais quitté à tel point qu’aujourd’hui, je n’ai aucune envie de partir en retraite !
Dans quel contexte avez-vous rejoint l’INRA à Avignon ?
Quand j’ai rejoint la fac de bio après un BTS d’agricul- ture, j’ai entamé un DEA de génétique et biomathéma- tique à Paris alors que le varroa arrivait en France, au tout début des années 1980. Cet acarien qui s’attaque dans le couvain aux larves des abeilles est un des plus grands responsables de la mortalité des colonies dans le monde entier. Seul le continent australien est encore épargné. J’étais donc allé voir les deux laboratoires qui étudiaient la question, et j’ai trouvé une possibilité de faire une thèse à Bures-sur-Yvette. J’ai travaillé à cette thèse pendant 7 ans, car j’avais du mal à trouver des financements, et quand je l’ai soutenue, un poste a été ouvert sur l’INRA d’Avignon. Un pôle dédié à l’apiculture existait déjà. Et à l’époque on s’orientait
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