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ÉDUCATION
eux deviennent stériles. Car les pesticides tuent des insectes pollinisateurs et menacent directement les fleurs. La destruction de micro-organismes invisibles est tout aussi catastrophique.
Vous vous êtes consacré à transmettre votre savoir scientifique au grand public, et notamment aux plus jeunes, au détour de plusieurs livres. Quelle place accorder à l’éducation des enfants ?
J’interviens souvent pour faire des présentations dans les écoles et j’en parraine même plusieurs. L’enfance est une période idéale pour aborder tous les sujets autour de la défense de l’environnement à laquelle les enfants sont très sensibles. Dès l’adolescence, quand ils grandissent, ils ont d’autres préoccupations. Il est donc très important qu’en classe, ou avec leurs parents, on leur fasse passer le message d’aimer la nature. Lorsque les éditions du Lombard m’ont contacté pour me proposer de faire une première bande dessinée sur l’Univers, dans la collection La Petite bédéthèque des savoirs, j’ai trouvé l’idée excellente. La bande dessinée est une lecture facile et attrayante pour les enfants et un moyen pédagogique idéal. De plus, je trouve que le dessinateur Daniel Casanave fait un travail formidable, et j’ai beaucoup aimé travailler avec lui.
Cette bande dessinée sur la biodiversité est conçue comme un reportage pédagogique. Vous abordez différents chapitres à travers des cas concrets. Comment avez-vous procédé pour écrire ce scénario ?
Il faut toujours éviter au maximum la pensée abstraite qui perd les jeunes lecteurs toujours curieux d’expériences pragmatiques pour comprendre ce qui les entoure. Le scénario reconstitue un voyage scolaire pour faire le tour des cas concrets et se rendre compte de l’importance de la biodiversité, dans le passé jusqu’à aujourd’hui. Le viaduc de Millau sert paradoxalement de première étape autour du béton et des énergies fossiles, pour montrer comment la matière
inerte, à l’origine, provient elle aussi du vivant. Tout le périple permet ainsi de projeter et d’apprendre la biodiversité dans des situations du quotidien, comme l’alimentation, l’eau, les vêtements, la pharmacie, afin de prendre conscience des liens qui nous unissent à la nature et des menaces à la détruire.
Vous abordez des aspects catastrophiques, mais également des choses plus positives comme le traitement des eaux pour la ville de New York ?
Voilà un bel exemple concret des actions à mener à grande échelle en faveur de la biodiversité. Alors que la ville de New York s’apprêtait à faire des dépenses folles pour purifier l’eau, elle s’est laissé convaincre par des scientifiques d’économiser son budget en procédant en amont plutôt qu’en aval, et en empêchant, par un accord passé avec les agriculteurs de la région, que l’eau ne soit polluée. De la même façon que la bande dessinée permet d’introduire un peu d’humour dans des problématiques dramatiques et sérieuses, il est indispensable pour les enfants de ne pas décrire que des catastrophes, afin d’éviter la morosité déjà omniprésente autour de nous. Il faut proposer des solutions dynamiques.
« Rien n’est simple. » Au détour d’un débat sur le loup ou de la description des différentes espèces invasives, vous montrez aussi combien l’équilibre des écosystèmes est complexe.
Aucun écosystème n’est figé, et les solutions ne sont jamais simples dans la nature où tout est interconnecté de manière très sophistiquée. Il faut essayer de comprendre tous les mécanismes pour protéger l’environnement, sinon les meilleures intentions peuvent aussi conduire à l’échec. De même, lorsqu’il y a un débat, il faut analyser les différents points de vue et trouver des compromis raisonnables qui synthétisent les intérêts de chacun. Ainsi, il faut toujours veiller à intégrer dans le programme de
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