Page 8 - Rebelle-Santé n° 191 - "Le nez qui coule"
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URGENCES
DES JOUES DE HAMSTER... ET SI C’ÉTAIT UN CALCUL SALIVAIRE ?
À l’instar des reins ou de la vésicule biliaire, les canaux des glandes salivaires peuvent être également obstrués par des calculs provoquant un gonflement douloureux à la base des joues. C’est la lithiase salivaire.
Les calculs, ou « li- thiases », concernent de nombreux canaux
de notre organisme, ces fins tubes reliant une glande ou un organe à la zone censée recevoir la substance syn- thétisée sous forme d’un liquide. Comme les calculs rénaux et vésiculaires, res- ponsables de la fameuse colique néphrétique et de la cholécystite aiguë, des lithiases peuvent également bou- cher les canaux des glandes sali- vaires. Rappelons que le calcul correspond à l’agrégation de minuscules cristaux qui finissent par former une petite concrétion. Dans le cas de la lithiase salivaire, il s’agit de phosphates de calcium qui s’agrègent sous l’effet d’une protéine naturellement présente dans la salive (mucine). À partir d’un certain diamètre, le calcul ne peut pas être évacué et se coince dans le canal. Conséquence, le li- quide s’écoule moins bien, stagne parfois, et la glande ou l’organe se dilate.
DEUX TYPES DE GLANDES SALIVAIRES...
Comme leur nom l’indique, les glandes salivaires situées à proxi- mité de la mâchoire inférieure produisent de la salive, chargée non seulement d’humidifier la ca- vité buccale, mais aussi d’appor- ter des enzymes importantes pour la digestion des aliments. Il en existe deux types : la glande sous- maxillaire, située sous le plancher de la bouche, et la glande paro- tide, située juste sous l’oreille. C’est d’ailleurs cette dernière qui s’enflamme et gonfle lors des oreillons. D’une façon générale, il y a 5 fois plus de lithiases sous- maxillaires que parotidiennes.
... ET DEUX CANAUX !
Le canal de la glande sous-maxil- laire, appelé « canal de Whar- ton », s’ouvre sous la langue, juste derrière les incisives inférieures. Le « canal de Sténon », lui, draine la parotide et s’ouvre à l’intérieur des joues en regard des premières molaires supérieures. Avec un peu d’habitude, on peut facilement re- pérer les ouvertures.
GONFLEMENT DOULOUREUX
À l’instar des autres lithiases, l’obs- truction peut provoquer de véri- tables coliques : douleurs buccales fugaces, cédant spontanément au milieu d’un flot de salive lorsque le calcul s’évacue d’un coup, ou chroniques lorsque le calcul se coince dans le canal, provoquant un gonflement douloureux de la glande. En l’absence de traitement, gare à l’infection (abcès).
DIAGNOSTIC FACILE
On repère facilement la glande concernée par la lithiase à la palpation : elle se traduit par une tuméfaction. Un gonflement survenant sous l’oreille corres- pond à une origine parotidienne et sous le plancher de la bouche à une obstruction de la glande sous-maxillaire. En cas de doute sur l’origine de l’inflammation de
la glande (tumeur ?), une sialographie, qui consiste à introduire un produit de contraste dans le canal, ou bien une IRM, permettent d’y voir plus clair. Enfin, de simples radiographies montrent parfois le lieu de l’obstruction.
ENDOSCOPIE
Une fois le diagnostic posé, il faut désobstruer le canal. Dans un premier temps, on tente de chas- ser le calcul en augmentant la sali- vation par des médicaments et on calme les douleurs par des antispas- modiques. En cas d’échec, on peut recourir à la lithotripsie qui consiste à détruire le calcul à l’aide d’un faisceau d’ultrasons. On peut aussi tenter de retirer le calcul par voie endoscopique sous anesthésie lo- cale, en introduisant dans le canal bouché une fine caméra pourvue d’une pince. C’est la sialoendosco- pie. Le laser peut être aussi utilisé en cas d’échec. Et lorsque rien n’y fait, il faut se résoudre à inciser la glande pour le retirer.
Dr Daniel Gloaguen
UN TRUC DE LECTEUR : LE CITRON
Pour vous débarrasser de calculs salivaires, testez la re- cette suivante : le matin au le- ver, à jeun, prenez le jus d’un citron, avalez comme vous pouvez ce jus sans ajouter quoi que ce soit. Recommen- cez tous les matins, toujours à jeun, pendant une semaine. Vous saliverez beaucoup, mais normalement, votre salive finira par emporter les calculs.
Rebelle-Santé N° 191 91