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EXAMENS
L’ANTIGÈNE CARCINO-EMBRYONNAIRE, DANS LE DÉPISTAGE DE CERTAINS CANCERS
L’antigène carcino-embryonnaire, ou ACE, est un marqueur tumoral naturellement présent en petite quantité dans le sang. En grande quantité, il correspond parfois à l’existence d’un cancer.
L’antigène carcino-embryon- naire, ou ACE, fait partie des marqueurs tumoraux, ces
substances produites par les cel- lules cancéreuses et qu’on peut doser dans le sang. Plusieurs can- cers sont particulièrement concer- nés par l’ACE, ceux de l’appareil digestif, (côlon, rectum), du sein et du poumon, mais aussi de l’ovaire, de l’estomac ou encore de la thyroïde et des os (ostéosar- come), car l’ACE n’est pas spéci- fique d’un organe particulier.
TAUX NORMAL
Le dosage de l’ACE peut être pres- crit dans le cadre d’un bilan géné- ral ou à visée de dépistage parti- culier (antécédents familiaux de cancer, par exemple). Mais atten- tion, la seule présence d’ACE dans le sang n’est pas suffisante au dia- gnostic de cancer. En effet, l’ACE, présent dans le sang du fœtus et produit par les intestins, le foie et le pancréas de l’enfant au tout dé- but de grossesse, reste encore pré- sent à l’âge adulte et ce de façon naturelle. Ce n’est donc pas sa présence qui en fait un argument de cancer mais l’augmentation du taux. En moyenne, le taux est infé- rieur à 2,5 ng/ml chez 95 % des gens indemnes de pathologies.
DE MODÉRÉMENT ÉLEVÉ...
Une augmentation modérée n’est pas nécessairement synonyme de cancer. Elle peut correspondre à une affection du pancréas (pan- créatite), du foie (hépatite), de l’estomac (ulcère), de l’intes- tin (colite, polype...) ou du rein (insuffisance rénale chronique). Le taux d’ACE peut également s’élever en cas de tabagisme (en
l’absence de cancer) ou de bron- chite chronique.
... À FRANCHEMENT ÉLEVÉ
C’est à partir de 25 ng/ml qu’on doit commencer à se poser des questions. Un dosage élevé néces- site un bilan plus poussé pour véri- fier qu’il n’existe pas d’éventuelle tumeur (examens sanguins, image- rie, etc.).
PRÉCAUTIONS
Le résultat du dosage de l’ACE n’est pas fiable à 100 %. La pré- sence ou l’absence d’un taux élevé ne peut donc pas être suffisante pour affirmer ou infirmer l’exis- tence d’un cancer. Il y a en effet desfauxpositifs(tauxélevéd’ACE enl’absencedecancer)etdesfaux négatifs (taux d’ACE normal... as- sociéàuncancer!).Toutcomme la plupart des autres marqueurs tumoraux, l’ACE n’est donc qu’un
indicateur parmi d’autres et ne doit pas servir de méthode de dépistage global des cancers. Il doit mettre la « puce à l’oreille » en cas de taux élevé. En d’autres termes, quel que soit le résultat, le taux de l’ACE doit être interprété en fonction du contexte clinique (examen cli- nique, interrogatoire, antécédents familiaux, mode de vie, etc.) et des autres examens complémentaires.
AIDE THÉRAPEUTIQUE
Si la découverte fortuite d’un taux élevé d’ACE n’est pas suffisante à diagnostiquer avec certitude la présence d’un cancer, le dosage régulier de l’ACE peut permettre en revanche de suivre l’évolution pendant et après traitement d’un cancer (guérison ou récidive) ou l’apparition d’une métastase (le taux augmente), surtout dans le cadre des cancers digestifs.
SIMPLE PRISE DE SANG
Une simple prise de sang au pli du coude suffit. Il n’est pas nécessaire d’être à jeun.
Dr Daniel Gloaguen
LIQUIDES BIOLOGIQUES
Le sang n’a pas l’apanage de l’ACE. On peut en retrouver :
u Dans la bile u Dans le liquide d’ascite (pathologie digestive, voir p. 91) u Dans un épanchement pleu- ral (cancer de la plèvre) u Dans l’urine (cancer de la vessie).
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