Page 11 - Rebelle-Santé n° 193
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BOTANIQUE
J’ai descendu dans mon jardin...
... pour profiter de cette fraîche fleur au doux parfum de miel qui pointe son nez dès le mois de février et qui a désorienté bon nombre de botanistes quant à son genre. Elle fut au fil du temps Beauverdia, Brodiaea, Hookera, Leucocoryne, Milla, Nothoscordum, Ipheion, Triteleia et Tristagma. Aujourd’hui, il semblerait qu’enfin les scientifiques se soient mis d’accord, mais... jusqu’à quand ? Car la bataille n’est pas finie, la polémique porte maintenant sur... sa Famille. Selon les dernières classifications phylogénétiques APG3, cette plante devrait être rangée dans le groupe des AMARYLLIDACEAE, mais certains trouvent cette famille bien trop vaste et continuent de la référencer dans les ALLIACEAE. Voici donc une fleur au cœur des problématiques de l’évolution des espèces, une herbacée qui n’a peut-être pas encore fini de naviguer entre les différentes pages de la nomenclature végétale...
L’IPHEION UNIFLORUM
• Nom commun : Ipheion. • Genre et espèce : Tristagma uniflorum. • Famille : AMARYLLIDACEAE : 60 genres, 800 espèces – plantes herbacées – feuilles toutes basales – inflorescences en ombelle ou fleur solitaire – ovaire infère – fruits : capsules ou baies. • Origine : Amérique du Sud.
a Leshampesfloralesportentà leur sommet des fleurs blanches ou bleutées. Une seule fleur (d’où le terme uniflorum) coiffe, en général, le pédoncule dont la partie inférieure est bordée de
deux bractées jointes en leur point d’insertion.
a Cette herbacée, vivace de par son bulbe, pousse dans les prés et les talus. Les feuilles apparaissent dès l’au- tomne précédant la floraison. Toutes basales, longues d’une trentaine de centimètres, elles sont plates et étroites et sen- tent l’ail dès qu’on les froisse. Elles disparaissent complète- ment l’été.
a Certains	disent	que	les fleurs et les feuilles de l’ipheion sont comestibles et qu’on peut les utiliser en condiment dans les salades. Mais, prudence, un certain flou persiste sur la véracité de ces déclarations, laissant une fois de plus cette plante dans une sphère brumeuse d’in- certitude. Tout le monde, par contre, souligne la toxicité du bulbe.
a La corolle est composée de 6 tépales disposés en deux cycles (extérieur et intérieur), soudés, à leur base, en un tube
dont les étamines et le pistil n’émergent point. Des stries de couleur sombre sont présentes sur
l’envers des tépales. tépales intérieurs
pédoncule
bractées
hampe florale
bulbe caïeux
tépales extérieurs
tube
Corolle
racines
a Le bulbe est un appareil souterrain constitué d’une tige courte et aplatie (plateau) et de feuilles charnues (écailles) imbriquées les unes dans les autres. Le bulbe de l’ipheion se dote au fil du temps de caïeux, bulbilles (bourgeons renflés des- tinés à se détacher de l’organe qui l’a produit afin d’engen- drer de nouveaux plants) qui se développent à l’aisselle d’une
écaille.
Anne Rihet
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