Page 16 - Rebelle-Santé n° 193
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philosophie
méDiter, mais comment ?
Pour moi, longtemps, la méditation a été synonyme d’ennui. À 22 ans, je suis partie en Inde avec des gens que je ne connaissais pas, qui allaient dans un ashram... J’ai sauté sur l’occasion pour faire partie de ce voyage (alors que je n’avais jamais voyagé !), je rêvais d’Inde. Là-bas, nous sommes allés dans un temple où chacun s’est assis par terre pour méditer. J’ai demandé comment il fallait faire... On m’a répondu : « Essaie de ne penser à rien, laisse filer tout ce qui te passe par la tête. » Ce fut un supplice, je pensais à mille choses à la fois, je me suis ennuyée à mourir. Ce n’est que longtemps après, lors de la présentation d’un livre sur la méditation de Sharon Sarlzberg (une présentation organisée par Fabrice Midal), que je pense avoir enfin compris. L’autrice de ce livre a invité l’assistance à méditer quelques minutes. Aucune contrainte, chacun est resté assis, pouvait poser ou non ses mains sur ses genoux, fermer ou non les yeux... Et puis respirer, sentir l’air passer, se concentrer sur l’endroit où on le sentait vraiment passer, le visualiser. Et, forcément, tout à coup, on se rend compte qu’on ne visualise plus du tout ce courant d’air, mais qu’on est en train de penser à demain, à quelqu’un, à ses soucis... Qu’à cela ne tienne ! À ce moment-là, on se dit « Ah, tiens, je viens de penser à demain, au travail à finir, aux courses à faire... », et ce sont des pensées... Alors on revient à son souffle, on recommence à visualiser son passage... Il s’agit juste de distinguer les pensées de ce que l’on est en train de vivre réellement (en se concentrant sur sa respiration). Mais pas de lutter
pour ne penser à rien, non, juste se foutre la paix et constater. Pour méditer, aussi, Fabrice Midal nous conseille d’en finir avec les idées reçues et les modes d’emploi et, finalement, oui, de nous foutre la paix.
Dans son ouvrage, Fabrice Midal développe toutes les facettes de cette nouvelle manière de vivre : se foutre la paix n’a rien à voir avec du laxisme ou de la nonchalance, il s’agit au contraire de sortir de sa zone de confort et oser aller plus loin, s’ouvrir aux autres, créer, redevenir curieux, vivre intensément le moment présent, développer l’indispensable bienveillance, écouter notre intuition et laisser s’exprimer nos émotions.
Sophie Lacoste
*Éditeur Flammarion 16,90 €
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© Claire Cocano