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LA PONCTION PLEURALE
POUR EXPLORER LES PATHOLOGIES DE LA PLÈVRE
La ponction pleurale est un geste de diagnostic habituel devant une pleurésie ou un épanchement. Elle consiste à prélever le liquide qui s’accumule dans la plèvre afin de l’analyser.
EXAMENS
Dr Daniel Gloaguen
Une douleur dans le côté, au niveau des côtes, spontanée ou après un traumatisme ? Il
n’en faut pas beaucoup plus pour évoquer un épanchement pleural, autrement dit une accumulation de liquide dans la plèvre, comme dans le cas d’une pleurésie ou d’un traumatisme costal avec épanche- ment sanglant. Une ponction pleu- rale s’impose la plupart du temps pour analyser le liquide.
RETOUR SUR LA PLÈVRE
Les poumons sont reliés à la paroi thoracique par la plèvre, autrement dit une double membrane dont le feuillet interne recouvre l’extérieur des poumons. Le feuillet externe, quant à lui, tapisse l’intérieur des côtes. Les deux feuillets sont col- lés l’un à l’autre par un effet ven- touse, du fait de l’absence d’air dans cette cavité naturelle. Les plèvres peuvent s’inflammer, voire s’infecter (bactéries, virus...) : c’est la pleurésie. Elle se manifeste par une douleur de côté, à la base du thorax, lors de l’inspiration, ou par une toux sèche parfois douloureuse aux changements de position.
PONCTION
La ponction pleurale devient in- dispensable dès lors que l’on ne connaît pas l’origine de l’épan- chement. Elle permet d’analyser la nature du liquide. On peut aussi détecter des germes divers, des cel- lules cancéreuses, la présence de protéines et de glucose. Lorsque l’épanchement est vraiment impor- tant en quantité et s’accompagne d’une gêne respiratoire, le prati- cien peut décider, juste après la
ponction, d’évacuer le liquide en raccordant l’aiguille à une tubu- lure branchée sur un bocal mis sous vide.
EN PRATIQUE
Le médecin travaille sur une per- sonne assise (en position « dos rond ») ou couchée du côté opposé à la ponction. Après une désinfec- tion de la peau et une petite anes- thésie locale si besoin, le praticien (pneumologue, urgentiste...) intro- duit entre deux côtes une fine ai- guille montée sur une seringue en regard de l’épanchement, révélé par une radiographie pulmonaire ou suspecté à l’examen clinique par une percussion du thorax qui retrouve une zone mate. Dans cer- tains cas, on pratique sous échogra- phie pour s’assurer que l’aiguille a bien été positionnée. Cela ne dure que quelques secondes, mais peut s’avérer plus long lorsque l’épan- chement est épais (liquide puru- lent). Après avoir retiré l’aiguille, le praticien pose un pansement.
EFFETS SECONDAIRES
Sauf exception (traitement par anti- coagulants), cet examen est un acte le plus souvent bénin. Pour autant, de par la proximité des poumons, il peut se compliquer d’un pneu- mothorax (présence d’air entre les deux feuillets de la plèvre), d’un épanchement hémorragique, ou
de complications mineures (toux). Raisons pour lesquelles le praticien peut demander une radiographie dans les suites de la ponction pour s’assurer de l’intégrité pulmonaire.
RÉSULTATS
Si l’aspect du liquide est immédia- tement observable, les résultats de la ponction sont connus au bout de quelques jours.
Dr Daniel Gloaguen
CONTRE-INDICATIONS
• Infection cutanée en regard de la zone à ponctionner (zona, staphylocoques...)
• Difficultés respiratoires non liées à l’épanchement
• Dose importante d’anticoagulants
• Quantité de liquide insuffisante dans l’épanchement.
AUTRES CAUSES D’ÉPANCHEMENT
• Tuberculose
• Amiante
• Cancer du poumon ou du sein
• Hypothyroïdie
• Pathologie rénale
• Embolie pulmonaire
• Insuffisance cardiaque
• Pancréatite
• Tumeur bénigne de l’ovaire
• Cirrhose ou insuffisance hépatique
• Maladie inflammatoire auto- immune.
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