Page 32 - Rebelle-Santé n° 195
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SOCIÉTÉ
Allez, c’est parti !
LUNDI
Je me lève et plonge sous la douche, motivée par le défi que je me suis fixé. Mon mari est occupé à lire les nouvelles sur sa tablette. Je me fais un café. D’habitude, café rime avec lecture des mails. Je jette un coup d’œil à ma tablette rangée dans un coin. Et si j’avais un mes- sage urgent ? Je chasse cette idée et je me plonge dans la lecture d’un gros dossier de phytothérapie.
Cette première journée sans Inter- net se déroule plutôt bien. Je tra- vaille à la rédaction d’un article, je fais une balade en forêt, je cuisine et vaque aux petites tâches quoti- diennes. Nous terminons la jour- née par un film de Woody Allen.
MARDI
Je résiste à l’envie de consulter mes mails. Je voudrais prendre des nou- velles de mes parents qui sont à l’étranger, mais notre ligne de télé- phone fixe passe par Internet. Je les appelle donc avec mon portable. Mon mari me téléphone du boulot pour me demander de lui com- muniquer une adresse. Zut, pas d’Internet, donc pas d’accès à l’annuaire téléphonique en ligne. Et ça fait longtemps qu’on ne re- çoit plus l’annuaire papier. C’est la
tuile ! J’envoie un sms à une amie pour qu’elle vérifie l’adresse. Je me sens ridicule... mais je dois aller au bout de cette expérience.
MERCREDI
J’ai décidé de me mettre au Tai-Chi. Cela fait un moment que je me suis procuré ce cours en vidéo. C’est le moment ou jamais d’essayer. Je me concentre sur les mouvements et cela me vide la tête.
Comme le soleil brille, je prends le taureau par les cornes et je sors nettoyer la terrasse. Elle en a bien besoin. Je travaille plusieurs heures sur l’ordinateur, hors connexion bien sûr.
Les choses se compliquent lorsque je reçois une facture à payer. Ce n’est heureusement pas urgent, mais j’ai l’habitude de payer les factures sur-le-champ pour ne pas oublier. Sans Internet, pas de banque en ligne. J’épingle la fac- ture bien en vue sur mon ordina- teur pour être certaine de faire le paiement lundi prochain.
JEUDI
Cela devient vraiment difficile de ne pas jeter juste un petit coup d’œil à mes mails. J’ai peur de manquer quelque chose d’impor- tant et je deviens nerveuse.
Pas facile non plus de se passer de cette gigantesque source d’infor- mations qu’est le web. Lorsque je travaille, je vais régulièrement sur Internet pour analyser des sources, recouper des infos, etc. Par ailleurs, je suis plusieurs formations en ligne. Cette semaine, je ne pourrai pas télécharger mes cours.
Besoin d’une traduction, je ressors mon gros dictionnaire de la biblio- thèque. Je n’arrive pas à me rappe- ler une citation, une date... Je note mes questions pour plus tard. Tant pis, cela attendra.
VENDREDI
J’ai décidé de préparer une recette assez compliquée et j’ai un doute sur les proportions. D’habitude, dans ce genre de situation, je trouve la réponse à ma question en quelques clics. Cette fois, j’oublie Internet et je sors mes nombreux livres de cuisine. Cela demande plus de temps, mais j’avoue que j’y prends plaisir. Les livres de cuisine vous emmènent dans un voyage culinaire. Toucher le papier, feuille- ter les pages lentement, admirer la beauté des photos éveille les sens. C’est un prélude gastronomique, une expérience à la fois esthé- tique et sensorielle. Étrangement, les recettes trouvées sur Internet éveillent moins ma gourmandise, malgré les photos souvent allé- chantes. Est-ce à cause de la pré- sence de l’écran qui sollicite notre cerveau différemment ? Je sais, par expérience, que ce que nous lisons sur un écran s’imprime différem- ment dans notre cerveau et notre mémoire. Ou bien est-ce à cause de l’absence de toucher, sens inti- mement lié au goût ? Je me pose la question. J’ai envie de chercher la réponse sur le web...
SAMEDI
Plusieurs fois par jour, j’ai envie de vérifier l’une ou l’autre chose sur le net, pas pour y rester des heures, mais juste l’espace d’un clic. Je résiste, bien sûr. Parfois, je pose ma question à un proche. Parfois, je trouve la réponse dans les livres.
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