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ENVIRONNEMENT
« L’association Canopée Reforestation est née en 2009, portée par Emmanuel Druon, patron de l’entreprise Pocheco (1) dont la société utilise beaucoup de papier pour fabriquer des enveloppes », se souvient Marlène Gamelin, salariée de l’association dont le but est de reboiser le Pas-de- Calais et le Nord, deux départements à la biodiversité
particulièrement menacée. Aujourd’hui, Marlène Gamelin est coordonnatrice du projet, elle veille à l’organisation, trouve des terrains – chez des particuliers, des agriculteurs ou dans des communes pour replanter des essences locales. À ce jour, le bilan est de 52 257 arbres plantés !
Pas besoin d’arrosage...
« Nous sensibilisons les habitants de notre région par des réunions publiques, les réseaux sociaux, les écoles et l’affichage », résume Marlène. Les plantations dé- marrent en novembre et sont encadrées par des gens de l’association qui, sur place, donnent des explica- tions et font des démonstrations. « Nous fournissons le matériel et, comme la région est humide, il n’y a pas besoin d’arrosage ! L’entretien et le paillage sont assu- rés par les propriétaires. Nous retournons sur place le 1er printemps pour nous assurer de la reprise. »
C’est Canopée Reforestation qui propose les arbres parmi lesquels le fusain d’Europe, la bourdaine, le charme, le cornouiller, le saule, le sureau et l’aulne, mais aussi des variétés locales et anciennes de fruitiers tels que poiriers, pommiers et pruniers.
Orme et frêne ont malheureusement disparu de la liste à cause de la maladie qui les décime.
Financement
Côté finances, l’argent rentre grâce aux cotisations, aux dons et au mécénat. La région Hauts-de-France participe également en accordant des subventions. Les droits d’auteur du patron de Pocheco, qui a signé deux livres sur l’écolonomie, sont reversés à l’association.
« L’été, quand nous ne sommes pas occupés à planter, nous cherchons des financements », conclut Marlène Gamelin dans un éclat de rire.
dans le sud aussi
La Provence ne rencontre pas les mêmes difficultés. Dans le Sud, le problème, c’est le feu, les incen- dies ravageurs, comme ceux de 1986 et 1989... C’est d’ailleurs suite à un sinistre qui avait détruit 1500 hectares dans le Cengle, plateau rocheux situé au sud du massif Sainte-Victoire, que Jean- Pierre Mattalia a créé l’ARPCV : Association pour le Reboisement et la Protection du Cengle Sainte- Victoire.
120 000 Feuillus en 30 ans
« Nous voulions réhabiliter la montagne, mais différem- ment, et surtout pas avec du pin qui brûle trop faci- lement », se souvient le président de l’association. Ce sont donc le frêne à fleurs (Fraxinus ornus), très melli- fère et qui n’est pas touché par la maladie, le cerisier Sainte-Lucie, le sorbier, l’érable de Montpellier et le chêne blanc – en tout, une vingtaine de feuillus indi- gènes et adaptés aux conditions du milieu, capables de faire des rejets qui, année après année, remplacent les pinèdes typiques de la région méditerranéenne.
Le reboisement est très dense (entre 3000 et 5000 arbres à l’hectare) : les planteurs ne font que copier la nature, et constatent environ 80 % de survie. « Nous ne replantons pas n’importe où, explique le Provençal, mais privilégions les sites d’intérêt général, les forêts communales et choisissons des parcelles dans lesquelles il y a un potentiel forestier, comme les "res- tanques" (cultures en terrasse), ce qui limite l’érosion. »
Plantation
En Provence, le sol est peu profond et très caillouteux. Aussi, avant de pouvoir planter, faut-il parfois creuser les trous à l’aide de moyens mécaniques, tout en
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Rebelle-Santé N° 195 35
© Canopée Reforestation

