Page 53 - Rebelle-Santé n° 209
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ÉDUCATION
Shishi-No-Kaïsha (Tonorisho, île d’Ishigaki, préfec- ture d’Okinawa - entre 2013 et 2015) Photo Charles Fréger
Namahage (Ashiwaza, péninsule d'Oga, préfecture d'Akita - 2016) Photo Charles Fréger
DE L’EMPIRE DES SIGNES DE ROLAND BARTHES À L’ART BRUT JAPONAIS
Considéré comme un classique, publié en 1970 à l’occasion d’un voyage au Japon, L’Empire des signes de Roland Barthes est un petit essai, présenté sous la forme d’un recueil de considérations, d'une collec- tion d’impressions, ponctué de quelques images, dans lequel, à partir du langage, le sémiologue entend ras- sembler un faisceau de traits caractérisant la société japonaise dans « un système symbolique inouï entiè- rement dépris du nôtre ». Dans cet Empire du signe, chaque geste est écriture : les attitudes, l’urbanisme, le théâtre, la danse, la gastronomie... Personne ne peut résister à la proposition de l’écrivain de « descendre dans l’intraduisible », de percer le mystère des haïkus et du satori. Mais L’Empire des signes est aussi le pro- duit d’une époque dont la vision globale se heurte à un Japon en mouvement, un monde flottant inscrit dans une économie mondialisée, menacé par les ca- tastrophes comme celle de Fukushima en 2011 et les crises. Depuis les années 1970, le pays a profondé- ment évolué. Le livre de Roland Barthes reste néan- moins fondateur pour qui veut « porter le soupçon sur l’idéologie de notre parole ». Mais bien malin celui qui voudrait décrire l’âme japonaise dans ce pays ar- chipel aux multiples facettes.
L’extraordinaire exposition sur l’Art Brut japonais, pré- sentée à la Halle Saint Pierre à Paris jusqu’au 10 mars 2019, réunit ainsi plus d’une cinquantaine d’artistes qui font entendre avec force leurs singularités indivi- duelles. Un écho de toutes ces âmes en résonance qui nous éclairent d’abord sur nous-mêmes.
Lucie Servin
Programme complet sur japonismes.org
Rebelle-Santé N° 209	53
DES COOPÉRATIVES DE SANTÉ, POUR PRENDRE SOIN DE SOI ET DES AUTRES
Mieux vaut prévenir que guérir !
Au Japon, 117 coopératives de santé regroupent déjà 2,7 millions de membres et administrent un réseau d’environ 1700 établissements : hôpitaux, cliniques, services de soins à domicile, centres pour personnes âgées...
Concrètement, les membres se réunissent en petits groupes nommés « han » pour réaliser leurs propres examens et contrôler eux-mêmes leur tension, leur glycémie ou encore les risques d’un cancer du sein, mais aussi s’informer et réfléchir aux problé- matiques de leur territoire. Lorsqu’un problème est diagnostiqué, les patients concernés se dirigent vers des établissements adaptés.
Mises en place dans leur forme actuelle en 1957, ces coopératives emploient 20 000 personnes, dont 1800 médecins et plus de 10 000 infirmières. En parallèle du système de santé, elles sont d’abord un moyen de reconnecter chacun avec un suivi régulier de sa santé et de créer un système social solidaire et responsable.
Avec cette approche active et participative de la prise en charge de tous les individus en bonne santé, ces coopératives assurent la prévention et proposent une alternative humaine et efficace d’accompa- gnement, notamment pour les soins aux personnes âgées dans un pays confronté au vieillissement de sa population comme le Japon.
Un modèle à suivre.


































































































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