Page 7 - Rebelle-Santé n° 205 - Extrait "Surmenage et Stress"
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Coralie poursuit de longues études. En cette rentrée 2016, elle s’apprête à vivre une année décisive qui la conduira jusqu’au concours de
professeure des écoles. Pour l’aider à mieux résister à la pression, son père lui a conseillé de prendre un extrait de rhodiola, une plante adaptogène particulièrement recommandée en période de surmenage intellectuel et de stress émotionnel. Habituellement, cette plante donne d’excellents résultats chez les étudiants en pleine préparation d’examens, mais cela n’a pas été le cas chez Coralie que sa famille a retrouvée dans un état de grande fatigue, pour ne pas dire d’épuisement, au moment des vacances de février 2017. Il fallait donc faire quelque chose rapidement pour ne pas qu’elle hypothèque sérieusement ses chances de réussite aux examens.
LA « NUTRI » AU SECOURS DE LA « PHYTO »
La fatigue persistante qui accable Coralie émousse ses capacités de concentration et de mémorisation. Plutôt embêtant à deux mois des examens... Je lui suggère donc la mise en œuvre d’une thérapie micronutrition- nelle fondée sur le recours à des ingrédients à même d’améliorer le métabolisme énergétique cérébral et le fonctionnement de la voie d’un neurotransmetteur majeur associé à l’apprentissage et la mémorisation : le glutamate.
MISE AU POINT À PROPOS DU GLUTAMATE
Du glutamate, on n’en connaît essentiellement que la face sombre, représenté par le glutamate monoso- dique (E621), un exhausteur de goût largement utilisé par l’industrie alimentaire. C’est ce glutamate indus- triel ajouté sous forme libre aux aliments transformés qui pose problème et non le glutamate naturel sous forme liée, autrement dit non séparée de son environ- nement alimentaire (1). Mais revenons au glutamate en tant que neurotransmetteur.
Les neurotransmetteurs assurent la transmission des signaux électriques dans le cerveau. Les principaux d’entre eux sont la dopamine, la noradrénaline, la sérotonine, l’acétylcholine, le GABA... et le gluta- mate ! Quand certains vont accélérer la transmission des signaux, d’autres vont la freiner. Le glutamate appartient au premier camp, et c’est pourquoi il est classé parmi les neurotransmetteurs « excitateurs ». Il est même le plus présent d’entre eux dans le cer- veau ! Concrètement, il contribue à la vivacité d’es- prit et améliore la capacité d’attention ainsi que la mémoire.
QUAND LA FORME COMPTE PLUS QUE LE FOND...
Il existe une substance naturellement produite dans le cerveau qui participe au bon fonctionnement de la voie du glutamate, et plus particulièrement au bon fonctionnement de récepteurs au glutamate appe- lés récepteurs NMDA. Cette substance dont vous entendez sans doute parler pour la première fois n’est autre que la D-sérine. Le cerveau ne fabrique pas la D-sérine ex nihilo. Il se limite en fait à modifier la conformation spatiale de cet acide aminé en le fai- sant passer de la forme L (levogyre) à la forme D (dex- trogyre). Une tâche dont il ne peut s’exonérer car la sérine est naturellement présente sous forme L dans les aliments (2).
C’est à une enzyme baptisée « sérine racemase » que le cerveau confie la tâche de modifier la conforma- tion spatiale de la sérine. Or, ce travail de conversion ne peut correctement s’effectuer sans la présence de certains cofacteurs, en l’occurrence la vitamine B6, le magnésium et l’adénosine triphosphate (ATP), soit autant d’ingrédients par ailleurs indispensables au cer- veau pour produire de l’énergie.
LA D-SÉRINE PASSÉE AU CRIBLE DES ÉTUDES
La D-sérine se révèle capable de bonifier les capaci- tés intellectuelles et d’améliorer l’humeur. Ses effets psycho-neurologiques ont été étudiés chez les animaux et les êtres humains, en prise unique ou prolongée.
Des études randomisées ont montré qu’une prise unique à dose suffisante – soit autour de 2 g par jour – suffisait pour produire des effets positifs dans les heures qui suivent. On a ainsi observé de meilleurs résultats aux tests d’attention et une réduction des sentiments de tristesse et d’anxiété chez des jeunes adultes en bonne santé (3). D’autres chercheurs ont mis en évidence une amélioration de la mémoire spatiale et des capacités d’apprentissage et de réso- lution des problèmes chez des personnes âgées de plus de 65 ans (4).
Plus haut, j’ai souligné le rôle majeur que joue la D-sérine au niveau des récepteurs NMDA. Or, un cer- tain nombre de maladies du système nerveux central comme la schizophrénie, l’épilepsie, la sclérose laté- rale amyotrophique (SLA) ou la maladie d’Alzheimer, sont reliés à un dysfonctionnement des récepteurs NMDA. Pour l’heure, la D-sérine a surtout été évaluée dans la schizophrénie, une affection dont elle permet de réduire les symptômes, à condition que l’on prenne cet acide aminé à raison de 4 g ou plus par jour.
Rebelle-Santé N° 205	29
NUTRITHÉRAPIE


































































































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