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  RENCONTRE
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d’être embauché en CDI. Il sillonne tous les jours les alentours avec le camion pour se rendre dans les déchetteries ou chez les particuliers. La Recyclerie a ainsi conclu des accords avec le Sictom de Gien et de Châteauneuf-sur-Loire, pour avoir accès aux déchette- ries des environs. Quant aux débouchés en dehors du magasin, les dons s’organisent avec la Croix-Rouge, la SPA, auprès des associations locales et jusqu’en Afrique où sont envoyés des lots de lunettes de vue et des encyclopédies, par exemple. Jean-François dé- taille : « La seule chose que nous ne prenons pas, ce sont les vêtements, mais nous prenons certains textiles de maison. Pour faire les masques pendant l’épidémie, nous avons pu fournir le tissu et les élastiques à des couturières. De même, nous donnons tout ce qui est matériel paramédical comme les béquilles, les cein- tures pour le dos... Nous prenons aussi tous les livres, car nous avons un débouché pour les recycler – les débrocher requiert en effet des machines spéciales. Nous vendons en moyenne 20 000 livres par an et nous en recyclons entre 15 et 20 tonnes. »
UN PROJET D’« INSENSÉS »
Quatre emplois créés, 90 000 euros de recette par an, qui aurait pu croire il y a encore cinq ans à un tel succès ? À l’origine, les cinq membres cofondateurs de cette recyclerie se sont retrouvés autour de l’asso- ciation « L’Art en sens », qui s’est créée pour organiser le « Festival des Insensés », dont la première édition a eu lieu en 2013. Jean-Paul Billault, le président de l’association, raconte : « Concrètement, on a imaginé faire un festival parce que nous voulions qu’il se passe quelque chose, pour revitaliser le centre-ville. Une fois réunis autour de la table avec cette idée, chacun pouvait faire sa proposition. Certains voulaient orga- niser un festival autour du bien-être avec des théra- peutes, d’autres voulaient des concerts, ou encore mettre en avant les produits locaux. Pour réunir tout le monde, nous avons décidé de faire un festival des cinq sens qui parte dans tous les sens ! Le Festival des Insensés était lancé ».
Pour ce chantier, la couleur orange des travaux publics a donné une tonalité un peu loufoque à cette joyeuse troupe motivée et coiffée avec des plots de voirie. Parmi eux, certains se sont pris à rêver d’une recyclerie. « Je me souviens du dimanche à la fin de la première édi- tion du festival. Nous n’avions aucune expérience dans l’organisation de ce type d’événement et nous avons été victimes de notre succès. Le public avait été au rendez-vous, mais les poubelles dégorgeaient de plas- tique. Nous étions consternés. C’était complètement à l’encontre de ce que nous voulions », confie Jean-Paul. L’ancien journaliste a quarante ans de carrière derrière lui. En 1992, il couvrait déjà le sommet de Rio. Autant dire qu’il est au fait des problématiques liées au dérè- glement climatique. Il souligne pourtant sa position : « Je suis bien sûr sensibilisé aux problèmes de la pla- nète, mais nous avons toujours veillé à ne pas nous
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