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RENCONTRE
Le coin des enfants
économique. C’est pourquoi nous ne faisons jamais de troc, même si nous pratiquons des petits prix. Notre priorité, c’est de générer des revenus avec la Recyclerie pour payer les salaires, le stockage, le tri, le nettoyage, la valorisation. Ici, l’objectif c’est le recyclage. Ce n’est pas le cas dans la plupart des recycleries qui sont sou- vent des entreprises d’insertion dont l’objectif priori- taire est de donner du travail. »
Les premières années ont été marquées par la problé- matique foncière autour des locaux de l’ancien Maxi- marché. Le groupe Schiever était en réalité proprié- taire de tout le pâté de maisons qu’ils ont proposé à la vente à un prix dérisoire, trop heureux de trouver un repreneur pour l’ensemble. La mairie a préempté. Ce n’est pas plus mal puisque le nouveau maire de la ville n’est autre que Florent De Wilde, l’enfant du pays, un des membres fondateurs de la Recyclerie.
Rassurée dans ses locaux, l’association peut même voir plus loin. « On a toujours eu beaucoup de pro- jets. Le tout est de savoir par lequel on commence, car chacun demande d’évaluer la faisabilité en termes de budget, de normes et de sécurité. Ce qui est certain, c’est que nous voulons rester une recyclerie créative axée vers le réemploi des objets, à l’inverse d’une res- sourcerie, par exemple, qui s’occuperait davantage du traitement des matériaux. La mairie devrait prochaine- ment nous remettre des locaux en état pour créer des ateliers avec les enfants et renforcer l’aspect ludique, artistique et éducatif de notre approche. Puisque nous ne sommes plus contraints d’investir le bâti autour du Maximarché, nous pouvons également de nouveau réfléchir à nous diversifier, à monter des ateliers de peinture, de menuiserie ou de métallurgie. De même, le projet de développer une textilerie est remis au goût du jour. Jusqu’à présent, on se l’était interdit, car ça implique des conditions sanitaires très complexes, avec des machines à laver industrielles et coûteuses.
Il existe aussi des filières de recyclage de textile dans les déchetteries comme "La fibre solidaire", et il n’est pas question d’entrer en concurrence. Mais nous sommes aussi très proches de l’association de coutu- rières présidée par Annie Sébaste qui fait des choses formidables, une forme de haute couture du recy- clage. Nous leur avons donné des canevas de grand- mère des années 1970, des tapisseries de faisans sur fond psychédélique, le genre d’objets invendables sauf pour le cadre : elles les ont transformés en gilets de fête très élégants, aussi beaux que les robes qu’elles cousent avec des cravates. Il faudrait présenter la col- lection ! » Sous leurs plots de chantier, les membres de cette recyclerie sont sans doute atypiques mais loin d’être fous et leur succès force l’admiration.
Lucie Servin
RECYCLERIE ET RESSOURCERIE
Vous voulez vous débarrasser mais vous ne vou- lez pas jeter. Il existe bien sûr la possibilité de donner aux associations telles qu’Emmaüs ou le Secours populaire, par exemple. Depuis près de vingt ans, de nouveaux lieux de collecte, de valo- risation et de revente des objets de seconde main ont ouvert. Les « ressourceries » se sont ainsi fédérées autour d’un Réseau national. Elles sont par définition généralistes. On en dénombre 155 sur tout le territoire. Elles se concentrent plutôt vers les villes où le stockage est problématique et les demandes plus fortes. Les recycleries, quant à elles, sont indépendantes et libres de se spécia- liser selon leur capacité et les priorités qu’elles mettent en avant.
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Toutes les photos © Lucie Servin

