Page 34 - L'AVENTURE DE JABER
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L’Aventure de Jaber
subitement devant lui. Il se précipita pour saisir l’occasion et réaliser ses rêves. »
UN CLIENT. - Le mamelouk Jaber, lui-même !
CLIENT 2.- C’est certainement une nouvelle importante pour que Jaber s’y intéresse.
CLIENT 1.- Vas-y, père Mounès! Quelle est cette nouvelle ?
LE CONTEUR. - Attendez : la réponse viendra !
LE SERVEUR, profitant de l’occasion, il circule portant le brasero. - Qui veut une braise ?
UN CLIENT. - Par ici, Abou Mohamed !
LE SERVEUR. - À votre service !
Pendant le dialogue précédent, la scène nous fait revenir dans le palais du vizir. Apparait le mamelouk Yasser, grand, débordant de santé, avec un large visage où se dessinent stupidité, rudesse et bonté. Il marche vite laissant paraitre sur son visage de l’agitation et de l’effroi. Il croise le mamelouk Jaber, le heurte presque et l’arrête.
YASSER. - Seigneur, protège-nous !
JABER. - Qu’as-tu ? Celui qui te voit pense qu’on t’a bourré le derrière avec du piment rouge.
YASSER. - Seigneur, protège-nous ! Des événements graves se produisent dans cette ville.
JABER. - Qu’est-ce qui vous arrive à vous tous aujourd’hui ? Tu ne diras pas que c’est le jour du Jugement dernier !
YASSER. - Je ne sais pas si c’est le jour du Jugement mais je n’arrive pas à croire que je suis sorti indemne du diwan. (Il essuie la sueur de son front.) J’ai eu le sentiment qu’on m’arrachait l’âme du corps.
JABER. - Je crois presque que notre maitre, le vizir, est habité par un djinn. Dis-moi ! Des cornes lui ont-elles poussé sur la tête ou des canines lui sont- elles sorties dans la gueule ?
YASSER. - Tu plaisantes ? Ah ! Si tu voyais son visage devenir écarlate. Il m’a regardé comme s’il voulait me gommer de la surface de la terre. Seigneur, protège-nous ! Si j’avais trébuché en sortant, il m’aurait sans tarder coupé la gorge. Ah ! Si je savais quelle faute j’ai pu commettre. Je lui ai seulement décrit ce qui se passait sans rien ajouter ni retrancher. Pouvais-je
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