Page 56 - L'AVENTURE DE JABER
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L’Aventure de Jaber
Le brouhaha cesse et le bruit de la radio disparait... Le silence et l’attente s’installent.
LE CONTEUR. - « Le vizir dit alors à Jaber, son mamelouk : ”Viens avec moi.” Puis, après lui avoir couvert la tête d’un keffieh noir, il le plaça dans une chambre obscure à la porte de laquelle se tenait un garde dont la vue seule faisait trembler. Planté devant la porte, il ne permettait à personne de s’en approcher. Il fallait donc attendre que les cheveux repoussent et cachent ainsi le secret du vizir. La tension battait son plein... Attente dans le palais du vizir. Mouvements et consultations dans le palais du calife de Bagdad. Et, comme au jeu d’échecs, chacun se grattait la tête et réfléchissait à la façon de déplacer ses cavaliers et ses pions. Les deux joueurs étaient le calife de Bagdad et son vizir, et l’échiquier, Bagdad et ses habitants. »
Pendant que le conteur parle, entrent les deux acteurs qui avaient joué le rôle du vizir et de l’émir Abdellatif. Ils jouent à présent le rôle du calife al-Moqtader Billah et de son frère Abdallah. Ils posent les pièces d’un décor simple qu’ils portent et qui représente le diwan du calife lequel ressemble beaucoup à celui du vizir. Ils prennent place et attendent que le conteur ait fini de parler.
Quelques instants après.
ABDALLAH. - C’est le moment d’agir.
LE CALIFE. - Es-tu sûr des résultats ?
ABDALLAH. - Si je n’en étais pas sûr, je n’aurais pas dit que le moment était propice.
LE CALIFE. - N’oublie pas qu’il a des fidèles parmi les chefs des gardes. ABDALLAH. - Est-ce que je l’ignore ?... Que valent ces fidèles maintenant que nos correspondances ont porté leurs fruits ? (Il agite des lettres qu’il tient à la main.)
LE CALIFE, il ne cache pas son embarras. - Nos correspondances ! Dis plutôt nos concessions qui vont nous dépouiller de la plupart de nos provinces.
ABDALLAH, irrité. - Nous n’allons pas revenir sur ce point. Il est parfois nécessaire de faire des concessions sur une chose afin d’en gagner une plus intéressante. Sans les concessions, il nous était impossible de convaincre
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