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ED_oct_machines.qxp_Mise en page 1  28/10/2024  11:07  Page 32



          n Emballage industriel
             dossier    Trois questions à…





                        Philippe de Boisgrollier, délégué général de CAP* (Cartonnage et Articles de Papeterie)

                        Comment expliquez-vous le frein que connait l’industrie du carton ?
                        La baisse de la consommation impacte tous les secteurs dont celui de l’emballage carton. La substitution du plastique limite
                        «la casse» et stabilise les volumes. C’est par exemple le cas avec les fruits et légumes qui sont passés à la micro-cannelure ou au pliant.
                        2024 se présente comme une année encore plus marquée par ce recul, déjà entamé en 2023. La filière craint une hausse des matières
                        premières et une baisse forte d’activité. Autre facteur à prendre en compte : les imprimeurs qui ne se portent également pas bien ont
                        tendance à s’orienter vers le packaging et le carton pliant. Conséquence : ils gagnent des parts de marché, en cassant les prix. Du côté
                        de l’ondulé, nous représentons essentiellement les transformateurs au travers de structures de petite taille et indépendantes, le marché
                        est donc local voire régional. Ce n’est pas le cas pour nos adhérents du carton pliant qui doivent faire face à une concurrence étrangère
                        de plus en plus féroce (Italie, Allemagne, etc.). Aujourd’hui, 50% du marché est importé.

                        Quels impacts sur les investissements industriels ?
                        Face à deux bonnes années en 2021 et 2022, nos adhérents ont investi dans leurs outils industriels. Ces nouvelles lignes viennent d’être
                        installées, au moment même où le marché se referme. Conséquence : le secteur est en surcapacité. Le carton pliant est davantage concerné
                        que l’ondulé, qui a été plus prudent. En parallèle, l’impression numérique représente un autre poste d’investissement pour répondre à des
                        séries de production qui deviennent de plus en plus courtes, ou un besoin de personnalisation des références comme en cosmétique.

                        Comment évolue le tissu industriel du secteur ?
                        Les acquisitions vont également bon train chez les PME mais essentiellement pour des questions de successions de dirigeants ayant l’âge
                        de la retraire. Les ventes concernent de petits groupes repris le plus souvent par des indépendants. Nous travaillons également en
                        interbranches avec IPC formation sur la question de la formation et du recrutement. Nous accusons du retard par exemple dans l’embauche
                        de jeunes apprentis (environ 2,5% de la masse salariale) que nous souhaitons pousser. La moyenne d’âge des salariés se situe actuellement
                        entre 43 et 44 ans.

                        *La fédération du cartonnage et des articles de papeterie rassemble les transformateurs de carton plat pour étuis pliants, de carton ondulé, de tubes et cornières, et
                        les fabricants d’articles de papeterie.



                                                                            à l’activité de notre industrie. Le projet de règlement sur les emballages
                                                                            et celui sur la déforestation sont deux exemples de textes marqués
                                                                            par l’idéologie, mal conçus et ne reposant pas sur de véritables études
                                                                            d’impacts. Il appartiendra à la prochaine Commission européenne et
                                                                            au prochain Parlement de réexaminer les textes les plus problématiques,
                                                                            ceci afin de remettre la politique communautaire sur de bons rails».

                                                                            Faire fi des idées reçues
                                                                                ttaqué à son tour par les médias
                                                                            A et des ONG de plus en
                                                                            plus agressives (rapport
                                                                            Greenpeace «Tué par le
                                                                            carton» en Suède, émission
                                                                            France 5 Sur le front du 16
                                                                            septembre dernier, etc.), le
                                                                            carton fait face à un
                                                                            mouvement plus global d’emballage à usage unique «bashing». L’autre
                                                                            chantier de taille en 2024 pour la filière sera celui de la communication.
                                                                            «L’objectif est de rétablir la vérité sur notre métier, et les idées fausses
                                                                            qui circulent sur le papier/carton. Un ouvrage a été publié avec
                                                                            Cartonnerie et Articles de Papeteries sur le sujet, intitulé «Réemployer
                                                                            des mots de vérité»», explique Kareen Desbouis. A la dernière Journée
                                                                            du Cartonnage, Cofepac a annoncé le lancement de son nouveau
                                                                            site web et recensé l’ensemble des actions qui seront à déployer
                                                                            pour davantage faire entendre la voix de la profession auprès des
                                                                            instances, élus, ONG et consommateurs. Et Philippe de Boisgrollier
                                                                            d’ajouter : «nous sommes perçus en France comme des producteurs
                                                                            de déchets et non d’emballages, qui participent pourtant, rappelons-le,
                                                                            à réduire le gaspillage alimentaire. Nous demander de financer le
                                                                            développement du réemploi des autres matériaux concurrents et nous
                                                                            imposer un quota de solutions à réemployer alors que notre secteur
                                                                            a l’un des meilleurs taux de recyclage est tout simplement aberrant.
                                                                            Nous n’avons rien contre le réemploi, elle peut être une des solutions
                                                                            mais pas la seule».                            D. Maïz

                                                         EDmachines&technologies
                                                                 N° 692/Octobre 2024
                                                                       12
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