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« J’ai senti venir le vent de la révolution en mai 68 »
Votre mère, a-t-elle connu cette fameuse école ménagère dans laquelle on
apprenait aux femmes à être devenir de « bonnes épouses » ?
Non, elle n’y avait pas été. Mais j’avais autrefois acheté un bouquin qui
parlait de cette institution. Je me souviens que ça m’avait beaucoup
amusé quand je l’ai lu, car j’avais réalisé combien le temps où les femmes
apprenaient à repriser les chemises ou à bien se comporter au lit était
lointain et révolu. Car même dans la sphère intime, les femmes devaient
écouter leur mari et fermer leur gueule. C’est ça qu’on leur apprenait.
Le film est rempli de symboles forts. Le personnage de Juliette Binoche
porte pour la première fois des pantalons, s’améliore en conduite et
découvre également le plaisir sexuel. Les jeunes filles de l’institut
évoquent le « féminisme », mais le terme apparaît comme quelque chose
de redouté par les hommes, comme une provocation même… Comment
définiriez-vous le féminisme aujourd’hui ?
Nous avons fait un grand bond en avant. C’est bien que la parole des
femmes se libère de nos jours. Mais au-delà des révolutions qu’ont été mai
68 ou même plus récemment le mouvement #MeToo, je pense que l’on
acquière toutes des droits un peu chacune dans son coin. Et même si les
choses ont beaucoup évolué, je dis toujours à mes petites-filles :
Alors c’est quoi finalement une « bonne épouse » ?
…C’est avant tout avoir un bon époux ! (rires) Non, mais ça ne veut plus rien
dire aujourd’hui. Les qualités que l’on demandait à l’époque ne sont plus
d’actualité.
Il y a quelques années, vous confiiez dans une interview votre souhait
d’interpréter davantage de « femmes du monde ». Qu’est-ce que vous
vouliez dire par là ?
C’est vrai qu'on m’appelle rarement pour faire des femmes aristocratiques,
et je ne sais pas pourquoi d’ailleurs. Je n’ai fait que très peu de femmes
mondaines dans ma carrière. Mais vous savez, moi ce qui m’intéresse, ce
n’est pas tellement le rôle qu’on me donne, mais davantage les rencontres
avec les gens de ce métier. Que ce soit avec un réalisateur ou un metteur
en scène notamment. C’est l’humain qui m’intéresse.
Par Lauren von Beust
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