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EN SALLES








































        Été 85













        François Ozon signe ici un très bon film, adapté d'un livre qu'il avait lu à l'âge de 17 ans, pendant l’été 85. Amour,
        vacance, de la tourmente… tout un programme pour le film de l’été 2020.



        Alex, 17 ans, est en vacances dans sa ville portuaire de Normandie. L’été s’annonce maussade quand il voit que son ami a désormais
        une petite-amie. Après s’être laissé surprendre par un orage en mer, Alex fait la rencontre de David qui semble comme tomber du ciel
        pour le sauver de cette mauvaise aventure. Rapidement, les deux adolescents tombent amoureux l’un de l’autre sous l’œil abusif et
        admirateur de la mère de David. L’été sera riche en émotions et pas forcément celles que l’on pense.

        François Ozon signe ici un film adapté d’un livre qu’il aurait lu lors de ses 17 ans justement pendant l’été 1985, « Dance on my Grave »
        de Aiden Chambers. C’est une interprétation heureuse du roman parlant bien entendu d’amour de vacances, mais également de la
        tourmente que l’on peut ressentir à cet âge et l’apprentissage de la gestion des émotions passionnées. Cela dit, ce film est également
        un témoignage d’une relation entre un pervers narcissique et sa victime.

        Pour hausser le tout, la présence d’une mère abusive et elle aussi largement perverse narcissique ordonne une dimension encore plus
        réelle. Là où les chanceux et chanceuses ne verront qu’une histoire d’amour entre ados, les rescapés de telles expériences y verront
        comme une vibration de réconfort dans le désert des traumatismes psychologiques et émotionnels. Il est en effet troublant de voir à
        quel point sur fond de légèreté feinte le tissu de la manipulation prend forme.

        Est-ce que l’auteur du roman a délibérément voulu exorciser un démon ? Est-ce que François Ozon a également vécu ce genre de
        souffrances ? Ces questions restent en suspens pour le moment. Toujours est-il que d’un point de vu cinématographique, cette fois,
        la réalisation est splendide, les décors n’ont d’égal que le talent impressionnant de chaque acteur et que les nombreuses références
        aux années 1980 immergent le public affranchi dans la nostalgie de ses jeunes années. Par exemple, un clin d’œil très clair est donné
        à « La Boum » film de 1980 de Claude Pinoteau et de Danièle Thompson avec Sophie Marceau et Claude Brasseur entre autres. La BO
        principale avec l’iconique « In Between Days » de The Cure installe l’ambiance dès les premières secondes.

        Un film à partager avec ses ados ou en couple, histoire de faire un bond en arrière pendant une grosse heure et demie. Reste à voir
        comment, malgré le fossé des générations, les principaux intéressés percevront le film.

                                                                                                                           Par CBB










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