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Le voyage - les corons


              La vie avait changé. Bon nombre de matériaux devaient être
              achetés, les maçons, le ferronnier et le géomètre devaient
              être payés. Ils ne voyaient pas d'autres possibilités.
                 A cette époque, si chaque famille avait de quoi subvenir
              aux besoins de base, l'argent ne circulait pas beaucoup. En
              effet, l'argent ne pouvait provenir que du travail à la journée
              ou de la vente d'un cochon ou d'un autre animal.
              Pour la vente d'un animal, des foires étaient organisées dans
              les villages aux alentours. Mes parents faisaient les trajets à
              pied avec parfois un cochon qui pesait plus de 100 kg. Le pas
              devait  être  léger,  les  chemins  étaient  escarpés,  il  fallait
              quelquefois deux jours pour arriver à la foire. A la tombée de
              la  nuit,  ils  demandaient  s'ils  pouvaient  dormir  dans  une

              grange  ;  ce  qui  était  toujours  accepté.  A  la  foire,  la
              négociation du prix était importante, mais avant la fin de la
              journée, si besoin, le prix était bradé, car ils ne pouvaient pas
              imaginer revenir sans argent et avec le cochon.
                 Chaque famille avait ses terres et cultivait le blé, l'orge,
              l'avoine,  le  seigle…  Nous  avions  aussi  des  oliviers,  de  la
              vigne,  des  vergers  avec  cerises,  pommes,  figues…  et  le
              potager pour les légumes. Les besoins de première nécessité
              étaient couverts par le travail, les récoltes et la cueillette.

                Le moment venu, mon père entreprit les démarches pour
                obtenir les documents et notamment le passeport délivré
                par  le  centre  administratif  de  Chieti.  Les  semaines
                passaient et les documents n'arrivaient pas. Il décida de se
                rendre à Chieti pour récupérer son passeport. Accompagné
                d'un cousin et avec un prosciutto (jambon) sous le bras, ils



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