Page 44 - Afrique Foncier juillet 2020

Bénin

Mme Guèdègbé, vous avez été un acteur capitalisation des acquis sur le terrain.
du projet EWOH2 à plusieurs niveaux. Que Aujourd’hui les femmes viennent spontanément
vous inspire ce projet initié par la KAS pour vers nous pour se plaindre des cas de discrimination
éradiquer la faim et la pauvreté en milieu dont elles font l’objet dans leur ménage ou famille.
Ce qui n’était pas possible avant. Et je les oriente
rural ? vers les structures qui peuvent les aider à avoir
Je suis impliquée dans le projet Ewoh2 en tant satisfaction. Les femmes qui viennent nous voir
qu’acteur de développement à la base et de sont des veuves, déshéritées, dépossédées de
défense des droits des femmes. A ce titre, j’ai tous biens laissés par leurs défunts maris. C’est
eu à participer à plusieurs formations sur les déjà une avancée.
droits d’accès des femmes à la terre, en tant que
parajuristes et femme leaders pour s’approprier Nous avons eu à faire des plaidoyers à Bohicon à
les textes juridiques relatifs aux droits des femmes l’endroit du Préfet du Zou et des Collines, notre
et sur la vulgarisation du Code des personnes et satisfaction est que le Préfet a pris à bras le corps
de la famille, les droits successoraux (l’héritage) et le projet EWOH2 et nous a rassuré de tout son
le Code foncier et domanial et sur comment on appui pour nous aider à réussir nos objectifs. Selon
peut faciliter l’accès des femmes à la terre. J’ai eu lui, cette initiative de la KAS n’est pas encore bien
à collaborer avec beaucoup d’autres acteurs tels connue de la population et nous devons travailler
que les acteurs du Gouvernement, les élus locaux, pour que les populations de son département
les femmes élues conseillères 1ère, 2ème et soient informées. Cependant, des plaidoyers sont
3ème mandatures, des groupements de femmes fait à un niveau un peu plus élevé à l’endroit des
et plusieurs Ong et Réseaux des femmes comme législateurs et de l’Etat qui doivent prendre des
RIFONGA-Bénin et Wildaf-Bénin. dispositions pour donner satisfaction aux femmes
en milieu rural en ce qui concerne les droits d’accès
J’ai aussi exécuté des activités au nom de mon Ong à la terre.
APFEM, financé par la KAS dans le département
de l’Atlantique, notamment les communes de
Ouidah, Kpomassè, Tori-Bossito et Zè. Il s’agit des Avez-vous connaissance des femmes qui,
Cinés-fora aux femmes des ménages, femmes et sensibilisées, ont pu revendiquer leurs
groupement de femmes qui sont dans les activités droits d’accès à la terre et disposent des
agricoles, les têtes couronnées, les chefs de culte titres de propriété sur une terre exploi-
et les élus communaux. Une activité basée sur table ?
une sensibilisation grand public pour informer Concrètement non ! Mais actuellement, je suis en
et échanger avec ces personnes afin de trouver train de suivre trois cas relatif à : l’achat de terre
ensemble des stratégies à mettre en œuvre pour non sécurisé ; la location de terre non formalisée
faciliter les droits d’accès des femmes à la terre. et la dépossession d’une veuve des terres laissées
par son mari. Ces différents cas n’ont pas encore
De ces activités, j’ai retenu que les femmes abouti véritablement. Mais je suis en train d’aider
n’étaient pas informées sur la jouissance de leur ces femmes qui sont allées vers moi pour suivre la
droit à la terre et à l’héritage. A cette occasion, elles procédure nécessaire de sécurisation des terres.
ont fait la connaissance du projet, ses objectifs
et sur les procédures à suivre pour avoir accès à
la sécurisation foncière ; de même vers quelles En tant qu’acteur de développement et
structures elles peuvent s’orienter pour recevoir de promotion des femmes, que préconi-
des conseils afin de formaliser les transactions en sez-vous en termes de défis et de perspec-
matière de gestion foncière. tives sur le projet qui tire à sa fin?
Le défi, il ne faut pas que la KAS cesse les activités
Parlons de la capitalisation des acquis de automatiquement sur le terrain ; quand on se
ces différentes activités de renforcement retire après juste un ou trois ans, l’impact du projet
des capacités ? devient mitigé. Mais quand on continue les activités
C’est une activité de changement de comportement sur le terrain, on voit les effets et les impacts au fur
qui va prendre beaucoup de temps, mais le et à mesure qu’on continue.
processus est enclenché. Par exemple, j’ai eu
à faire des sensibilisations grand public à deux Si EWOH est encore sur le terrain, je projette
reprises à Ouidah avec ma structure pour donner de me rapprocher de la KAS pour lui faire des
l’information sans l’intervention de la KAS ; c’est la propositions d’activités et solliciter son appui pour

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