Une rencontre avec Nobuyuki Tsujii
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      ©Yuji Hori
Nobuyuki Tsujii - ou plutôt Tsujii Nobuyuki car il faut bien qu'en Occident on se mette enfin à respecter l'ordre qui veut qu'au Japon (comme en Chine) le nom de famille précède ce que nous appelons "prénom" -, nous l'avons d'abord entendu en concert en Asie.
L'émerveillement a été tel que nous avons immédiatement souhaité lui permettre de faire ses grands débuts parisiens, au Théâtre des Champs- Elysées, dans le cadre de la saison que nous y organisons. Tsujii Nobuyuki adore Paris qu'il a découvert très jeune, à l'âge de douze
ans, Paris qui, dès sa première visite lui a inspiré
une composition. S'y produire et y rencontrer le public français sont d'immenses bonheurs pour lui, même si, de la ville lumière, il connaît surtout la lumière intérieure.
Car, comme on le sait, Tsujii Nobuyuki est aveugle - aveugle de naissance, pianiste et compositeur.
La musique, il s'y est mis très tôt, grâce à des partitions en braille. Puis il a développé, avec l'aide de son professeur, une méthode lui permettant de l'apprendre à l'oreille. En 2009, le jury du Concours Van Cliburn, stupéfait, lui décerne son premier prix, la Médaille d'or. Menahem Pressler, le doyen des pianistes en exercice déclare alors : "J'ai la plus grande admiration pour lui. Dieu lui a pris ses yeux mais lui a donné des dons physiques et mentaux qui lui permettent de dominer
les plus grandes oeuvres du répertoire." Depuis, Tsujii Nobuyuki se produit un peu partout dans le monde, au rythme qui est le sien, saisissant d'émotion les auditoires qui viennent l'écouter.
Mais il ne faut pas assister à un concert de Tsujii Nobuyuki pour de mauvaises raisons ou être ému en l'écoutant pour l'exploit que constitue le fait de jouer du piano en étant aveugle. Ce n'est pas en "voyeur" qu'il faut venir l'entendre - car celui qui voit n'est pas celui qu'on croit.
Certes, exploit il y a - mystère, peut-être plus encore. Pour s'en rendre compte, il suffit de le regarder dans le 1er concerto de Tchaïkovsy à Saint-Petersbourg sous la direction de Valery Gergiev (Gergiev qui adore Tsujii Nobuyuki - la "fierté de la communauté musicale"
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