Page 76 - 2014 December Chinese Antiques Auction Catalog at Tajan, Paris
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141 — PEINTURE DE QI BAISHI (1864-1957)
            COQ ET CELOSIA CRISTATA, DITE "AMARANTE CRÊTE-DE-COQ", ca. 1955
            Encre noire et encres polychromes sur papier.
            Dédicacée, signée et cachets à l’encre rouge en haut et en bas.
            Montée sur un rouleau.
            Chine, ca. 1955.
            A SCROLL, COCKEREL AND CELOSIA CRISTATA, BY QI BAISHI,
            INK AND COLOURS ON PAPER, CHINA, CA. 1955.

            DIM. 97,5 X 38 CM (38 3/8 X 15 15/16 IN.)

            150 000/250 000 €

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            Né dans un milieu modeste à Xingdou tang, dans le district de Xiangtan au Hunan, Qi Baishi fit d’abord l’apprentissage du métier
            de graveur sur bois avant de se former à la peinture, en autodidacte, à partir des modèles fournis par le Jiezi yuan huachan (Les
            enseignements de la peinture du Jardin grand comme un grain de moutarde). Cette première approche fut par la suite complétée
            par son assimilation de la mimèsis du gongbi auprès de Hu Qinyuan (?-1914). Xi Baishi se spécialisa alors progressivement dans le
            genre des fleurs et des oiseaux auquel il consacra ses recherches de 1895 jusqu’à son installation à Pékin dans les années 1920. En
            s’émancipant de la manière imitative et minutieuse du gongbi, à la suite de sa rencontre avec Chen Shizeng (1876-1923), il s’imposa
            dans sa maturité par l’originalité de ses compositions, l’énergie de son pinceau et la vivacité de sa palette. Œuvre de la maturité de
            Qi Baishi, Coq et celosia cristata fait preuve d’une grande économie de moyens mis au service de la célébration de ses dédicataires,
            le couple formé par Anil Kumar et Ranee Chanda, deux personnalités de premier plan dans l’univers politique, intellectuel et artistique
            de l’Inde indépendante.
            Coq et celosia cristata est un rouleau vertical peint à l’encre et lavis d’encre sur papier. C’est sur cet espace étroit que Qi Baishi choisit
            de faire adroitement cohabiter, sur un seul et unique plan, un coq, le corps ployé et la tête tournée vers le ciel pour regarder, avec un
            air interdit, une grande celosia cristata qui semble vouloir concurrencer, par la vivacité de ses coloris, ses crête et barbillons. L’usage
            audacieux que Qi Baishi fait ici de la couleur s’impose tardivement dans son œuvre. Il est le fruit de son assimilation de l’œuvre peint
            de Wu Changshuo (1844-1927) avec lequel il se familiarise par l’entremise de Chen Shizeng. En effet, le rouge, dit "occidental" (yang
            hong), qu’utilise Qi Baishi est l’une des innovations majeures introduites par Wu Changshuo dans la peinture à l’encre. Dès les années
            1920, il devient le catalyseur des premières recherches engagées par Qi Baishi pour transformer sa manière de peindre au moyen des
            fleurs rouges et feuilles d’encre (honghua moye). Avec l’expérience, le radicalisme de cette bichromie tend à s’estomper et Qi Baishi
            se plaît, comme dans Coq et celosia cristata, à élargir la palette de ses encres afin d’accroître le naturalisme de son œuvre et faire de
            la relation entre l’encre noire et la couleur, plus ou moins délayée, son expression achevée. Caractéristique des dernières œuvres de
            Qi Baishi, notre œuvre s’en démarque par la densité de sa charge symbolique.
            Alors qu’il s’est également adonné au genre du portrait, Qi Baishi est presqu’exclusivement connu pour ses natures mortes. Ainsi,
            animaux, crustacées, insectes ou végétaux composent-ils l’essentiel de l’œuvre aujourd’hui reproduit du peintre. Mais si ses
            représentations de poussins sont passées à la postérité, rares sont celles qu’il consacre au coq. Il s’agit pourtant de l’un des douze
            animaux qui compose le zodiaque chinois et la symbolique qui lui est attachée est très dense. En effet, le nom de ce dernier peut se
            comprendre, par un phénomène d’homophonie fréquent en chinois, comme "de bon augure" ou comme "accomplissement". Un coq
            majestueux évoque en outre un "grand bonheur" tandis que celui qui chante attire "mérite et renommée". De même, lorsque le coq
            est perché sur une pierre, c’est qu’il destine sa "bonne fortune à tout le clan" et sa crête le désigne comme un "mandarin". Mais
            surtout, un coq associé à une pivoine ou à une celosia cristata invite aux "honneurs, titres et postérité". Trois vœux que Qi Baishi
            formule, tant par sa composition que par sa calligraphie si particulière, aux dédicataires de sa peinture, Anil Kumar et Ranee Chanda,
            alors en visite officielle à Pékin.

TAJAN - 74  ANCIENNE COLLECTION DE MONSIEUR ET MADAME CHANDA  ARTS D’ASIE
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