Page 57 - Miettes
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« Quoi donc ? »
Elle tenait alors son poupon face à son visage, les jambes
écartées comme lorsqu’elle l’assoit. Voyant que je suis attentive,
elle sourit, tourne la tête vers son poupon et lui embrasse le zizi.
Médusée, je n’ai pas prononcé un mot, le temps de réfléchir quoi
dire, comment… Cela me paraissait tellement anormal comme
comportement, je voulais en savoir davantage, profiter de cette
« main tendue », ne surtout pas la brusquer.
J’ai finalement demandé d’un ton aussi calme que possible :
« Qu’es-tu en train de faire ? »
Elle me répond :
«Ben je fais des chatouilles à mon bébé »
Et elle reprend les mimes de plus belle en agrémentant de sons
éxagérés « mouah mouah mouah ».
Le terme de « chatouilles » m’a glacé le sang, me renvoyant aux
« chatouilles » qu’elle avait décrites un an plus tôt, celles qu’elle
n’avait pas aimées dans cette chambre d’hôtel. C’est un terme
qu’elle n’emploie pas habituellement. Elle utilise le mot « guilis »
pour celles qui font rire, ou « doudouces » pour celles qui sont
tendres.
Je me suis gardée de lui dire qu’il ne fallait pas faire ça, je n’avais
pas les mots, je me sentais désarmée. Je lui ai demandé pourquoi
elle voulait que je la voie faire.
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