Page 26 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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AU FEU
A la suite de cette périlleuse et dramatique mésaventure causée
par mon frère, l’histoire du petit voisin hospitalisé, les deux jambes
fracturées et plâtrées, laissait supposer aux voisins, ainsi qu’à mes
parents, que nous allions enfin mener une existence tranquille dans
la courée. Ce ne fut pas le cas…
Maman attendait incessamment un heureux évènement, que je
nommerai ma future petite sœur. Elle était alitée au rez-de-chaussée,
pour se reposer. C’était un bel après-midi d’automne. Mon père au
premier étage, était en plein sommeil de son travail de nuit. Ma
grand-mère maternelle avait élevé seule ses dix enfants, et se sentait
indispensable par le fait d’assister maman aux tâches ménagères et
familiales. Elle s’était installée provisoirement chez nous.
Je me souviens d’elle, alors qu’elle somnolait sur une chaise à
l’extérieur, devant la maison. Je jouais dans le fond de la cour, très
occupée par la lessive des vêtements de mes poupées. La scène se
passait près de la petite réserve, que l’on nommait « la baraque », où
mon père stockait le charbon, les bouteilles de gaz butane, ainsi que
sa mobylette avec le réservoir rempli d’essence.
Mon frère était absent, quand soudain, je le vis surgir et
s’avancer avec une bande de copains du quartier dans ma direction.
C’est alors qu’il prit l’incroyable initiative d’inviter ses camarades à
entrer à l’intérieur de « la baraque » et me força à les suivre malgré
mon insistant refus.
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