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mon panier-légumes que Brigitte, mon indispensable
camériste, souvent transforme en soupe onctueuse.
Le lendemain j’appris, par téléphone, que ce bouquet
sans épines m’avait été adressé par Bia, la semi-récente
‘’fiancée éternelle’’ de Matt, retenue à Paris pour raison
professionnelle. Elle regrettait « de ne pouvoir embrasser
son professeur » titre qu’elle ne pouvait biffer pour la
circonstance d’autant qu’elle participait activement à ce
que son fiancé en prenne d’avantage conscience ; lui, ce
navigateur impénitent obéissant aux vents qui, depuis leur
rencontre, maintenait un cap de bonne espérance. Parfois
la marmaille est plus grande, et moins méchante, que les
dieux.
Myka, le K de Catherine, m’a offert une photographie,
d’un flou-bougé réussi, m’a-t-elle expliqué. C’est une de
ses photos de nuit exposées antérieurement à la mairie
du 13ème que j’avais aimée. Sur ce tirage 29x18 sous cadre
42,5x22,3 un homme trapu, un peu vouté est saisi debout
et méconnaissable dans une lumière crue blanche et
verticale aux reflets rougeâtres horizontaux devant la vitrine
où il s’est arrêté, perplexe dans sa parka surmontée d’un
cache-nez. Un bleu ténu tamise l’espace jusqu’à ses hanches
dans l’entrée de l’échoppe où il s’est avancé, portes grandes
ouvertes dont la droite reçoit de biais la lumière devenue
grise. Tout autour le noir de la photo est de nuit.
Le lendemain de fête, pour la remercier de son aide dans la
mise en place de l’exposition, je lui ai offert une des têtes
de L’homme I00 têtes, reproduites dans Lelivredart, Paris
0ctobre 2019. Plus tard, je lui ai lu un des dix-sept textes
du recueil L’Éveil qu’elle avait choisi, poèmes de dix-sept
lignes dont la neuvième est une citation du Finnegan’s wake
de James Joyce, lecture comme pour tourner la page décrite
dans le livre les Fragments d’un après trépas - récit imprimé par
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