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dans ses bras et je lui ai dit « les plus beaux cadeaux sont
ceux que je n’ouvre pas » ça l’a fait rire. Son rire radieux me
plaisait. Aussi ajoutais-je en pensée « pas tout de suite, pas si
vite, pas trop vite ». Je ne pouvais le lui dire à haute voix, elle
qui m’avait accompagné si rigoureuse et si juste en tant que
surveillante chef dans mon exercice de chefferie de service,
à Beaujon où j’avais achevé ma carrière en 2012 ; c’est dans
ce même hôpital universitaire que quarante-deux ans plus
tôt je l’avais commencé en tant qu’interne (Matt était né
dans cet hôpital). Je vouais à Françoise l’admiration qu’elle
méritait, une alter ego plus disciplinée que moi. Onze jours
plus tard, rangeant les bouteilles, je n’ai pas résisté à ouvrir
cette boîte d’un bicolore lie de vin : un superbe magnum
de Chablis 1er cru, 2023, m’a sauté dans les mains. Oui
j’allais attendre quelque temps qu’une tablée digne d’elle se
la partage.
• Un sachet estampillé VIGNERONS ARDECHOIS.
Selon la carte du territoire au verso, la bouteille 2022,
élégante et noire est originaire d’un terroir de « Basalte &
Gravettes où la vigne côtoie le châtaignier, de l’un des plus
anciens cépages français, le Chatus venant de Sélections
Parcellaires ». Dans le fond du sachet, à côté de la bouteille,
se trouvait un pot de confiture de couleur brun clair sans
étiquette venant de Maussane-les-Alpilles en Provence – de
la châtaigne ! - et dessus un pot miel de châtaignier des
Vans. C’est là où vivent un ardéchois de souche, Yves, et
sa femme Thérèse, un bucheron et une ex-restauratrice,
amis de très longue date. Donc, un tout de la châtaigne
d’Ardèche que chérit par-dessus tout Yves, puisqu’au cours
de ma réhabilitation chez eux en février 2020, il y avait
quotidiennement au dîner un dessert fait d’un yaourt local
battu avec la confiture de châtaigne qu’Yves adorait depuis
son enfance : un régal de douceur qui m’avait convaincu
d’emblée, indépendamment de ma débilité profonde
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