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éditorial

« L’année 2019 vient de fermer ses portes… Une année nouvelle s’ouvre à nous. Ensemble continuons à
investir au présent, afin de construire l’avenir... Par ce message, l’équipe de Bricomag tient à vous présenter
ses meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Que 2020 nous ouvre les portes menant vers de nouveaux
projets et chantiers qui seront menés avec un grand professionnalisme et beaucoup de réussite ! »

PHILIPPE MÉCHIN - REPORTER À L’INTERNATIONAL
A qui la faute ?

C’est un véritable réquisitoire auquel s’est livré Jean-Eric Riche, Président d’Inoha lors de la
cinquième nuit du Bricolage, à l’encontre de la distribution. Son discours n’est rien d’autre qu’un acte
d’accusation impitoyable, l’accusant ainsi de provoquer chez les industriels et fabricants rien moins
qu’un découragement, de la lassitude, de l’anxiété. Evidemment, cette diatribe n’a pas manqué
de surprendre, mais aussi de faire réagir les coupables présumés.

assification des achats en Europe de consommation de notre pays est d’une certaine
la part d’un grand groupe, volonté façon grandement responsable de la dégrada-
des enseignes de devenir eux-mêmes tion ou du moins de la complexité grandissante
Mindustriels, avec en filigrane l’idée de des relations acheteurs fournisseurs, à laquelle il
réduire les fournisseurs au rang de simples sous- faut ajouter un consommateur dont le pouvoir
traitant, sans oublier le non-respect de l’une d’achat à quelques exceptions près, ne cesse de
d’entre elles des délais de déréférencements, les s’éroder, accablé par la pression fiscale la plus
griefs sont lourds. Jamais nommés dans son allo- élevée au monde, et des salaires qui ne cessent
cution, chacun a pu identifier les présumés cou- de stagner. Pour les fabricants, en l’occurrence en
pables, en l’occurrence Kingfisher et Leroy Merlin. majorité des PME, ce n’est guère plus brillant. Ac-
Directement visée, la réaction de cette dernière cablées par les charges, les contraintes de toutes
ne s’est pas fait attendre en précisant que le code sortes, exposées à une concurrence mondialisée
de bonne conduite signé entre la FMB et Inoha sans foi ni loi, celles-ci vivent en permanence
continue de s’appliquer, hors conditions des dé- sous tension. Cette situation est accentuée par
lais de déréférencement, arguant que les nouvelles dispositions lé- une concentration de la distribution qui fait que beaucoup jouent
gales n’étaient pas à jour des nouvelles dispositions légales de la loi leur avenir en quelques rendez-vous. Et croyez-vous que la vie est
Egalim applicable au 1 janvier 2020. Ce qui veut dire en clair que plus facile du côté des enseignes ? Que nenni ! Certes, elles respi-
er
l’article en question est caduc au profit d’une loi ne faisant plus la rent encore l’opulence de par leur taille, leur puissance d’achat,
différence entre les produits de marque et ceux de MDD. Toutefois mais pour combien de temps encore ? En effet, se profile de façon
l’enseigne déclare cette situation temporaire, dans l’attente d’une de plus en plus visible, la redoutable concurrence de l’e-commerce.
mise à jour annoncée pour cette année à venir. Le modèle de la grande distribution, que beaucoup imaginaient
Au-delà des arguments des uns et des autres, de quoi cette affaire éternel, est aujourd’hui également menacé. Le tout est aggravé par
est-elle le nom ? Ne s’agit-il pas plutôt des conséquences d’une si- un client volatil, imprévisible infidèle, exigeant. Enfin, cerise sur le
tuation économique atone qui mine notre pays depuis tant d’an- gâteau, les normes administratives en tout genre ne cessent de se
nées, couplée avec la montée inexorable du commerce en ligne, multiplier. Aussi dans ce contexte de morosité, de pesanteur, ne
véritable éléphant dans un magasin de porcelaine ? Certes comme faut-il pas s’étonner du manque de sérénité qui règne dans la rela-
l’a déclaré Jean-Eric Riche, le marché du bricolage en enregistrant tion fournisseur/acheteur.
une progression modeste qui selon ses termes « résiste encore bien Il est temps que notre pays sorte de cet environnement tendu,
aux crises », mais le mal ne réside-t-il pas justement dans cette faute de quoi ce climat de tensions n’ira qu’en s’aggravant quel que
affirmation ? Cette croissance molle qui mine tant de secteurs de soit le corps de métier. n

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Bricomag N°241 1 DÉCEMBRE/JANVIER 2020