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LE MOYEN ÂGE
LA GRANDE PEUR DE L ’ AN MILLE
Cependant, les sources contemporaines de
cette époque sont rares et ne mentionnent pas
explicitement une panique collective liée à
l'année 1000. Les historiens modernes suggè-
rent que cette "grande peur" aurait pu être
exagérée par des récits postérieurs, notam-
ment au XIXe siècle, période où le Moyen Âge
était souvent idéalisé ou mal interprété.
La grande peur de l’ a n mille :
Des faits à relativiser
mythe ou réalité ?
Les historiens, comme Georges Duby, ont re-
L ’ an mille évoque souvent dans l'imaginaire mis en question l'idée d'une peur généralisée.
collectif une période de panique généralisée et Ils soulignent que la notion de
de terreur apocalyptique en Europe.
"millénarisme" (croyance en un grand boule-
Selon certains récits historiques et populaires, versement à l'an mille) était surtout répandue
les populations médiévales auraient craint la dans certains cercles monastiques et non
fin du monde, marquée par l'Apocalypse an- dans l'ensemble de la population. En outre,
noncée dans la Bible.
l'année 1033, correspondant au millénaire
Mais qu'en est-il réellement ? Analysons ce supposé de la mort du Christ, a parfois été
phénomène à la lumière des faits historiques. perçue comme plus significative.
Une époque de bouleversements Une construction postérieure
À l'aube du XIe siècle, l'Europe médiévale tra- La grande peur de l ’ a n mille semble donc
verse une phase de transition marquée par davantage être une construction historiogra-
des guerres, des famines et des épidémies. phique qu ’ une réalité vécue par les popula-
Ces difficultés renforcent les croyances reli- tions médiévales. Elle reflète l ’ importance
gieuses et les superstitions. accordée aux mythes et aux récits dans la
L'idée d'une punition divine est omniprésente, compréhension de l ’ h istoire. Aujourd ’ hui, ce
et la peur de l'Apocalypse trouve un écho sujet reste fascinant, car il illustre comment
dans les sermons des clercs et les récits bibli- des croyances et des interprétations peuvent
ques. façonner notre perception du passé.