Page 69 - mon materiel vintage
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disque beaucoup plus petit, léger, moins encombrant et plus facile à manipuler qu'un
microsillon ;
possibilité d'un meilleur spectre sonore des fréquences graves et aiguës allant de 20 Hz
jusqu'à 22 kHz ;
plus aucun problème de pointe de lecture fragile et s'encrassant (la cellule laser étant à
nettoyer toutefois régulièrement) ;
accessibilité directe au début de chaque plage, affichage du minutage et lecture
accélérée possible.
En 1980, le Red Book (en français littéral : « Livre rouge ») détermine les caractéristiques
techniques du nouveau disque et le partage des brevets entre les deux concurrents : à Philips
la conception du CD (sur la base de leur expérience de la technologie du Laserdisc) et des
lentilles qui permettent la lecture ; à Sony la définition du format utilisé pour numériser la
musique et la méthode de correction d'erreurs. Parmi les principaux membres de l’équipe, les
plus connus sont Pieter Kramer (directeur du laboratoire de recherche optique de Philips dans
les années 1970) et Kees A. Schouhamer Immink pour Philips, Toshitada Doi pour Sony et
Michel Motro pour Hitachi (à l'époque directeur du pôle innovation du groupe).
Les premiers prototypes produits par Philips mesuraient 115 mm de diamètre, avec un codage
sur 14 bits et une durée de 60 minutes. Sony insista pour qu’on adopte un codage sur 16 bits
et une durée de 74 min, d'où un diamètre augmenté à 120 mm. Cette capacité aurait été
choisie à la demande de Herbert von Karajan, afin que la version la plus lente de la
e
9 symphonie de Beethoven, celle enregistrée au festival de Bayreuth en 1951 sous la
direction de Wilhelm Furtwängler, tienne sur un seul disque. Sony indiqua que c’était à la
demande de l’épouse de son président, pour ces mêmes motifs. La vérité est moins
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romantique : au moment de lancer la production industrielle, Philips aurait eu un avantage
grâce à une chaîne de production capable de fournir rapidement ces disques de 11,5 cm, ce
qui ne faisait pas les affaires de Sony, la firme japonaise ayant pris du retard sur la fabrication
des lecteurs. Philips ne souhaitait pas favoriser le format de 10 cm propre à Sony, pour les
mêmes raisons. Le compromis fut le disque de 12 cm qui ne donnait l’avantage à aucun des
deux fabricants, tout en permettant d’utiliser tous les développements techniques et
électroniques mis au point précédemment. Ces décisions ont été prises par le management et
ont été imposées aux experts des équipes techniques.
Un disque de 12 cm de diamètre avait donc un temps de lecture théorique de 74 minutes et
30 secondes. À l’époque la durée maximale d’enregistrement plafonnait en pratique à
72 minutes car les premiers supports pour le mastering audionumérique étaient des cassettes
vidéo au format U-matic, dont c’était la durée d’enregistrement maximale. La version la plus
longue de la symphonie de Beethoven n’aurait de toute manière pas pu trouver place en entier
sur un CD avant 1988, date de l’introduction de nouveaux supports pour le mastering
numérique.
Philips et Sony annoncèrent fin août 1982 qu’elles étaient prêtes à sortir leur nouveau produit
et commencèrent les ventes à l’automne. La production industrielle commença le 17 août
1982 à Langenhagen, près de Hanovre (RFA). Les premiers albums produits étaient Une
symphonie alpestre, de Richard Strauss (Herbert von Karajan avec l'Orchestre
Philharmonique de Berlin) et The Visitors (ABBA). La première platine fut vendue au Japon
er
le 1 octobre 1982 accompagnée de l’album 52nd Street de Billy Joel.