Page 11 - Desastre Toxicomanie
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Préface
Pourquoi ce livre ?
La réponse à cette question éclairera le lecteur sur les objectifs
que l’auteur s’est assigné.
Ce livre est le jet de vapeur d’un observateur excédé par
l’évolution dramatique des toxicomanies en France, durant ces
vingt dernières années.
Pourquoi s’être limité à ces vingt années, alors que les
problèmes exposés viennent de beaucoup plus loin ? C’est que
concentré sur des activités nombreuses et prenantes, l’auteur y
était peu attentif ; ces problèmes étaient peu médiatisés, ils étaient
moins aigus qu’aujourd’hui, où la contamination de notre société
par les drogues s’apparente à une pandémie.
Les gouvernements successifs, par les taxes sur les ventes
d’alcool et de tabac qui procuraient de substantielles rentrées
fiscales, pensaient exercer une certaine prévention. Avec la
démagogie électoraliste qui les anime, ils s’appliquaient à ne
déplaire ni aux producteurs, ni aux vendeurs, ni aux consomma-
teurs. Ils ne pouvaient pourtant ignorer les drames de l’alcoolisme,
ni les pathologies graves et souvent mortelles dues au tabac. Avec
ces deux drogues, ils faisaient « la part du feu ».
Par une loi votée en 1970, le législateur a voulu prémunir la
société d’autres drogues, qui se faisaient de plus en plus présentes.
Cette loi était opportunément préventive. Pourtant, à défaut de
l’avoir fait connaître, de l’avoir fait enseigner, de l’avoir justifiée,
de l’avoir fait respecter, elle a fait long feu. Depuis lors, le nombre
des contrevenants a littéralement explosé. Ce fut d’abord largement
occulté, puis minimisé ; ce qui a dispensé d’agir pour le contenir
par une répression effective ; ce qui l’a laissé s’aggraver. Certains
gouvernements, dans une posture idéologique, ont même facilité
ces débordements. Les alertes lancées par quelques observateurs
(dont moi-même) furent étouffées. Quand certaines émergeaient,
elles étaient aussitôt raillées ou contestées ; il est si facile de tenir
pour faux ce qui dérange. Quelques formules humoristiques,
ficelées de rires grasseyants, enveloppaient le paquet de ces dénis,
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