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Vendredi-Saint





                 La passion du Christ culmine en ce Vendredi-Saint qui demeure, pour la
               tradition chrétienne le signe de la tension entre les forces de la mort et  la  vie
               de  Dieu.  Signe  aussi  de  l'Amour  de  Dieu  qui,  inscrit  au  plus
               profond d'une humanité  fragile et souffrante, va jusqu'au bout de ses
               possibilités.

                 A partir de cet instant, Dieu n'a plus pour nous le même visage et la destinée
               humaine ne peut plus être séparée de cette croix où meurt le
               Fils.

                 Jésus meurt dans la solitude. Seul. Dans l'écartèlement de sa passion de vivre
               pour Dieu et pour les hommes. Seul entre terre et ciel, dans la nuit,  transparent
               d'Amour. Il  fait  monter la  vie  et le péché du  monde
               jusqu'à ses lèvres : «J'ai soif...» Soif de lumière, de paix, soif de toi mon Père dont
               j'ai tout accepté y compris cette heure. M'as-tu abandonné ?
               Mais non ! Tu es là, Toi seul est là et je t'aime...»

         49      Jésus  meurt  dans  la  souffrance.  Pas  épargné  un  seul  instant.  Brisé dans
               son  corps,  ses  affections,  vidé  de  ses  amitiés,  traqué  jusqu'au
               dernier  regard  par  la  perspicacité  du  mensonge.  «Vais-je  mourir  pour rien  ?
               Mais  non  !  Je  vois  à  mes  pieds  tous  les  suppliciés  et  les condamnés  de
               la  terre.  Ils  sont  là  avec  moi  autour  de  moi.  S'ils pouvaient comprendre
               que je suis Dieu en ce moment où je touche le fond avec eux, parce que je les
               aime...»

                 Jésus meurt dans la foi. «Père entre tes mains je remets mon esprit". J'ai cru
               en ta parole. Tu m'as conduit jusqu'ici. Que ta volonté soit faite.
               Pourtant dans l'abîme qui nous sépare en cet instant, je crois en toi et je t'aime...»

                 Jésus meurt pour nous. Le voile du Temple peut se déchirer, le voile de nos
               masques  et  de nos faux semblants, L'événement est de taille mais il ne fallait
               ne le comprendre que plus tard. Il fallait que Dieu lui- même traverse le silence
               et l'angoisse.

                 Nous continuons de vivre. Dehors les mêmes bruits, les mêmes espoirs et les
               mêmes peurs. Il ne peut en être autrement. Pourtant sur ce mont
               isolé  où  meurt  le  prophète  de  Galilée,  il  semble  d'un  seul  coup  que
               l'histoire s'éclaire...


                                                                              Mgr André     DUPLEIX
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