Page 2 - Les ARTS_Neat
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Si le lieu représenté reste non identifié, il fut peint en plein jour dans une autre toile de
               Vuillefroy. S’agirait-il d’une ferme du hameau de Fillerval ? La comparaison des deux

               œuvres permet d’évoquer la récurrence de certains paysages dans le travail de Vuillefroy.
                      L’artiste peignit les vaches à sa disposition, à n’en pas douter nombre de ses toiles
               trouvent  leurs  origines  dans  la  campagne  autour  du  château  de  Fillerval  comme
               l’imaginait le critique Pierre d’Igny (dates inconnues) : « Il vit, depuis ce temps-là, une
               partie de l’année à la campagne, dans un château aux abords duquel posent pour lui tous
               les animaux qu’il retrouvera plus tard sous la forme de côtelettes ou de gîte à la noix.
               Ugolin de la peinture, il mange ses bœufs pour leur conserver un artiste ».
                      La similarité de l’angle de vue et des arbres représentés dans les  deux œuvres
               permettent également de comprendre le travail de Vuillefroy qui devait composer ses

               œuvres en atelier se fiant à des croquis ou des esquisses prises sur le motif.
                      Enfin,  l’artiste  use  ici  des  thématiques  météorologiques  et  atmosphériques  qui
               firent le succès de certains de ses envois au Salon : Vuillefroy s’appuie sur les effets de
               lumière, de brume, les orages ou la pluie afin de rompre la monotonie du sujet animalier.


                                                   Félix de Vuillefroy

                      Félix de Vuillefroy-Cassini (1841-1916) fut une personnalité brillante, aussi bien

               maire de Thury, peintre qu’entomologiste, fils du sénateur Charles-Amédée de Vuillefroy
               (1810-1878) et de Félicie Feuillade (1822-1843), décédée alors qu’il n’avait que deux
               ans.  Ses  biographes  dans  la  presse  artistique  de  la  fin  du  XIXème  siècle  aiment  à
               dépeindre un artiste ayant renoncé aux fastes du Conseil d’Etat pour l’aventure de la vie
               d’artiste, de bohème.
                      En effet, après une enfance passée entre Paris et le château familial de Fillerval
               (héritage des Cassini, dont la grand-mère de l’artiste était la dernière descendante), Félix
               suivit la tradition familiale et entama des études de droit. Une fois licencié en droit, il

               prépara le concours et entra au Conseil d’Etat comme auditeur de seconde classe le 25
               juin 1864, à la section de Législation, Justice et Affaires étrangères. Commence alors sa
               courte  carrière  au  Conseil  d’Etat  :  en  1865  il  passa  à  la  section  des  Finances,  de
               l’Agriculture et du Commerce et, le 31 décembre 1866, il est promu auditeur de première
               classe.

                      Courte carrière car il sentait bien que « la poussière des dossiers » du Conseil d’Etat
               n’était pas faite pour lui, il était plus attiré par l’étude des sciences naturelles à l’exemple
               de  ses  ancêtres  Cassini,  ainsi  en  1865  il  fit  un  voyage  en  Espagne  avec  la  Société
               d’Entomologie  de  France.  Le  jeune  homme  traversa  alors  l’Espagne,  découvrit  ces
               paysages qui marqueront une partie de son œuvre, c’est aussi au court de cette expédition
               que  fut  répertorié  l’insecte  «  nebria  Vuillefroyi  »,  baptisé  en  l’honneur  du  jeune
               entomologiste.
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