Page 32 - Revue 6 Preuve_Neat
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Ce n’est donc pas une surprise de retrouver partout dans les récits démiurgiques
la présence d’un œuf. Au hasard, on citera cette légende talmudique décrivant
Dieu prenant deux moitiés d’œuf qui se fertilisant l’une l’autre aboutissent à la
création du monde. Plutarque dubitatif face à la question de savoir qui de l’œuf
ou de la poule vint en premier introduire la question philosophique de la cause
et de l’effet. De l’œuf nait la vie mais aussi les idées !
L’œuf créateur est aussi, on le comprend mieux, symbole de résurrection : que
la poule soit première ou seconde, elle renait constamment dans cet espace
créateur.
Il est ainsi plus aisé de se figurer comment l’œuf a pu devenir un symbole de
résurrection : l’œuf créateur est et donne naissance à Jésus qui ne saurait mourir
définitivement sous peine de fin du monde façon film catastrophe.
Jésus ressuscite ainsi, de la même manière que Eoste, Ostara, Austra ou Aurore
reviennent et donne naissance au monde chaque matin comme le fait Uṣā la
Brillante en lien avec son père Brahmā. L’œuf de Brahmā, l’univers, éclot aux
rayons de lumière de Uṣā : lumière et chaleur sont naturellement signe de vie.
L’équinoxe printanier - synonyme de réveil de la nature - coïncide
opportunément avec la date de Pâques, date à laquelle les stocks d’œufs pondus
durant le Carême sont importants mais impropres à la consommation. Pendant
plusieurs siècles, les propriétaires de poules auraient pu user de ces stocks pour
nourrir d’autres animaux. Or, ils préférèrent les conserver, les décorer et les
offrir avant qu’une tête espiègle n’ait l’idée de les cacher pour rajouter, sans
doute, un peu de piquant à cette activité.
Finalement, ce nous cherchons lorsque l’on essaie de débusquer les œufs n’est
pas tant l’œuf que le retour de la vie, vie que l’on a presque cru perdre pendant
la longue période hivernale.
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