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istoires
La montagne (ou puy) est située non loin de la via Agrippa, grande voie romaine reliant la capitale des Gaules (Lyon) à la capitale de l’Aquitaine (Saintes).
Grâce à cette position Augustonemetum (Clermont) va se développer, concentrant une part des activités commerciales sur la butte et profitant des alentours pour implanter des lieux de culte qui seront présidés par le grand temple de Mercure.
Construit il y a environ 1800 ans, le grand sanctuaire présente les doubles caractéristiques d’un fanum (avec sa cella bordée d’une galerie) et d’un temple classique avec son entrée marquée par un grand vestibule appelé pronaos. Le matériau utilisé pour les gros blocs n’est autre qu’une roche volcanique, la trachyte, issue des carrières d’un volcan, le Kilian, situé en contrebas.
Les fouilles se poursuivent actuellement. Cependant, une par tie de l’édifice a été restaurée dans le but de réaliser une reconstruction plus qu’une restauration. Il a fallu dégager les déblais du xixe siècle et reconstruire à l’identique pour obtenir l’impression de monumentalité qui se dégage en cheminant vers le sommet. Pour le moment, 200 tonnes de chaux ont servi à renforcer le sol et 700 m3 de pierres ont été taillés. Le chantier n’est pas terminé mais laisse présager d’un résultat hors du commun.u
Oppidum de Gergovie. Musée 04 73 60 16 93 63670 La Roche-Blanche https://musee-gergovie.fr/
Espace muséographique du temple de Mercure 63870 Orcines 04 73 62 21 46 https://volcan.puy-de-dome.fr/accueil.html
Mercure au plus haut
Dans la Guerre des Gaules, César écrit à propos du culte des Gaulois : « Le dieu qu’ils honorent le plus est Mercure. Il a un grand nombre de statues ; ils le regardent comme l’inventeur de tous les arts, comme le guide des voyageurs et comme présidant à toutes sortes de gains et de commerces. »
On le retrouve aussi sur des dédicaces d’un grand nombre de sanctuaires des Gaules. Compte tenu de cette notoriété, les citoyens romains, et autres pèlerins, se devaient de l’honorer en affirmant leur dévotion, leur générosité ostentatoire et, par la même occasion, leur grand respect au culte de l’empereur. Il est reconnaissable à ses attributs : de petites ailes, une bourse et un caducée.
Néanmoins,il a fallu faire subir quelques métamorphoses à ce dieu indigène et celtique pour ressembler au Mercure romain. Certes il protège les commerçants et les voyageurs, mais, dans sa représentation gauloise, il était l’inventeur de tous les ar ts, ce que n’ont jamais été ni Mercure ni Hermès. Là encore, on observe les « petits arrangements » indispensables à l’intégration dans un nouveau panthéon. Avant les Romains, on sait seulement que les cultes indigènes vénéraient les dieux dans de simples bâtiments de bois et torchis entourés par une enceinte sacrée, le nemeton.
Avec l’installation romaine, les Gaulois font évoluer leur modèle. Quand ils ne pratiquaient pas le culte en extérieur, ils réalisaient un type d’architecture en pierre, élaboré et vaste, appelé fanum, contenant la cella, l’espace dédié au dieu principal. Ils délimitaient
un périmètre extérieur pour les déambulations
des pèlerins.
C’est grâce à la prospection aérienne que la plupart des sites de cette période, souvent implantés en zone rurale, ont été
découverts et fouillés.u
afjet - Carnet de Voyage n°22 - Automne 2023 association française des journalistes et écrivains de tourisme
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