Page 19 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
P. 19
débat public n’est pas là pour faire forcément émerger un débat contradictoire, mais pour recenser tous les points de vue et pour les objectiver. Il est là aussi pour montrer que ni l’Etat, ni les porteurs de projets, ni les maîtres d’ouvrage ne sont insensibles aux questions que se posent les citoyens.
Etablir des priorités
Comment mettre en œuvre les 70 projets du Snit qui nécessiteraient 245 milliards d’euros d’ici à 2030 quand l’Etat a déjà du mal à mettre deux milliards par an ? Comme le dit avec humour Philippe Duron, « c’est un projet de trois siècles ». Il a donc fallu établir des priorités et
sortir de la logique de projet pour aller vers une logique de système. Ainsi la question des nœuds de communication, et notamment des nœuds ferroviaires, s’est rapidement imposée. Source de détérioration dans la qualité des transports, il a semblé urgent pour la commission de désaturer les nœuds, comme dans les gares de Lyon-Par-Dieu ou encore de Saint-Charles à Marseille. La commission a aussi travaillé sur les changements d’habitude. La fréquentation des lignes à grande vitesse a tendance à se stabiliser. Si les besoins n’augmentent plus, est-il nécessaire de construire de nouvelles lignes ? Par contre, du côté du portuaire, de nouvelles infrastructures semblent incon- tournables. Pour Mobilité 21,
L’aménagement du territoire peut-il être démocratique ?
19
il y a urgence à relier de manière efficace les ports de Fos-sur-Mer et du Havre à leur hinterland. La commission a fait des propositions d’amélioration des infrastructures pour réaliser par exemple une chatière entre la Seine et Port 2000.
A l’heure de la remise du rapport final en juin 2013, le constat est simple : le rapport remis par Philippe Duron au ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, remet en cause la place du TGV et préconise au contraire l’entretien et l’amélioration du réseau ferré existant. Avec trois temporalités en fonction des différents projets : si certains devraient être engagés avant 2030 et d’autres après 2030, pour d’autres projets, la date proposée de 2050 permet de ne pas les ranger plus ou moins définitive- ment aux oubliettes.
Pour les victimes de Brétigny-sur- Orge, il est trop tard. Personne n’a oublié qu’il a suffi de la défaillance d’une simple éclisse, une pièce métallique servant à fixer deux rails dans un aiguillage, pour que le train Intercités reliant Paris à Limoges n’arrive jamais à bon quai. Mais l’accident a permis de mettre en lumière l’état de délabrement d’une partie du réseau ferré français vieillissant et d’appuyer les recommandations d’une commission qui n’a pas fait que des heureux parmi les régions qui se sont senties délaissées au nom de l’intérêt général.
LE RAPPORT MOBILITÉS 21 PRÉCONISE L’ENTRETIEN ET L’AMÉLIORATION DU RÉSEAU FERRÉ EXISTANT.
© Sophie Knapp