Page 27 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
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L’aménagement du territoire peut-il être démocratique ?
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«Je vois un ministre par mois»
Quel a été votre parcours avant
d’occuper vos fonctions actuelles ?
Je suis arrivé à Clichy-sous-Bois à 8 ans. Je n’ai jamais quitté la ville et j’y vis maintenant depuis 35 ans. Ma famille a d’abord vécu dans un HLM à Chatenay-Malabry et dès que mes parents ont eu un peu d’argent, ils ont quitté la cité HLM pour acquérir un petit pavillon à Clichy-sous- Bois. En somme, un parcours typique pour la classe moyenne des années 1970. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent mais Clichy n’était déjà pas très cher à cette époque. Je suis toujours Clichois et je travaille dans cette ville comme directeur général adjoint chargé du développe- ment local de la commune, et à titre d’activité accessoire comme DGA pour Clichy-Montfermeil. C’est une communauté d’agglomération qui a été absorbée par le T9 (Territoire 9, baptisé «Grand Paris Grand Est»), territoire composé de quatorze maires dont douze qui ne voulaient pas du T9. Je suis resté DGA pour suivre le programme de renouvellement urbain (PRU) de Clichy-Montfermeil au sein de ce nouvel Etablissement Public Territorial qui a une compétence géographique plus large.
J’ai fait toute ma scolarité à Clichy. Après le lycée, j’ai réussi le concours d’entrée à Sciences Po. Et comme me disait un de mes professeurs à Sciences Po : «De toute façon, t’as eu beau réussir Sciences Po, tu resteras toute ta vie à Clichy, dans ton trou.» Mais il le disait avec affection, ce n’était ni péjoratif ni méchant de sa part. Et en plus, il avait raison. J’ai fait un 3e cycle à Sciences Po dédié aux politiques de la ville parce qu’en tant qu’habitant d’un territoire concerné par ces politiques, cela me passionnait. On pourrait presque dire que cela m’intéresse depuis que je suis tout petit.
Ensuite, j’ai eu la chance de travailler avec Jean-Pierre Sueur qui est l’auteur d’un rapport important sur la politique de la ville qu’il a rendu àMartineAubryen1998 .
En 2000, j’ai été recruté par le maire de Clichy, Claude Dilain . C’était un homme exceptionnel avec lequel j’ai eu la chance de travailler durant dix ans. Cela m’a conforté dans mon envie de travailler sur ces questions à Clichy-sous-Bois.
CLICHY-SOUS-BOIS A SU SAISIR L’OPPORTUNITÉ OFFERTE PAR LE PNRU MIS EN PLACE
PAR JEAN-LOUIS BORLOO EN 2003.
Jean-Pierre Sueur, Changer la ville : pour une nouvelle urbanité, Editions Odile Jacob, 1999.
Le maire socialiste s’était fait connaître du grand public en 2005, lors des émeutes urbaines déclenchées au lendemain de la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, deux adolescents morts électrocutés dans un transformateur après une course-poursuite avec des policiers.
C’était un infatigable et intransigeant défenseur de sa ville et des banlieues populaires délaissées
© Fabrice Needam © Fabrice Needam