Page 36 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
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L’ANCIENNE MATERNITÉ EST BIEN PLUS QU’UN HÉBERGEMENT D’URGENCE POUR MAËL AÎNINE NÉMA CHÉRIF. L’ASSOCIATION AURORE A PERMIS À L’ARTISTE MAURITANIEN D’Y INSTALLER SON ATELIER.
Des lieux de convivialité partagés
Le volet social reste plus difficile à atteindre. Impliquer et mélanger les différentes popula- tions présentes sur le site ne se commande pas malgré les bonnes volontés et Maël Aînine Néma Chérif parle volontiers d’un plafond de verre. Cet homme engagé s’est retrouvé à la rue après un parcours politique et militant difficile en Mauritanie. Il dort désormais dans l’une des anciennes chambres de la materni- té transformée en centre d’hébergement et géré par l’association Aurore. Mais pour cet artiste complet qui peint, écrit et réalise des films, l’ancienne maternité est bien plus qu’un hébergement d’urgence. L’association Aurore a mis à sa disposition une vaste salle pour en faire son atelier. Il y peint et y entrepose ses toiles. Parfois, il s’improvise art-thérapeute pour aider les plus fragiles et ceux souffrant de pathologies mentales. Mais il constate le fossé infranchissable qui sépare les bénéficiaires des hébergements d’urgence et les autres occupants du site, associations, artisans, indépendants et entrepreneurs souvent jeunes et bouillonnants de projets. Le constat est le même parmi les bénévoles. «A la chorale, j’accueille des femmes et des hommes très fracturés, explique Marie-Paule. Ce n’est pas évident de leur demander d’être présents chaque lundi. Et en plus de chanter juste». Parmi eux, des Malgaches, des Algériens, des
Camerounais mais aussi une Parisienne qui habite dans le quartier. Ils se retrouvent autour d’un piano, parmi les canapés et les chaises de récupération, dans l’ancienne lingerie de Saint-Vincent-de-Paul devenue une cantine solidaire. Elle emploie du mardi au dimanche une quinzaine de travailleurs bénéficiant du dispositif d’insertion de l’association Aurore. Le lieu est devenu le principal point de rassem- blement du site mais la rencontre entre les plus fragiles et les autres n’est pas vraiment au rendez-vous. « C’est presque plus les bobos parisiens qui y viennent que les migrants», avoue Marie-Paule. Un constat partagé avec Héloïse Pierre : « Nous avons peu de liens avec les gens en situation précaire. Je côtoie seule- ment la dame qui fait le ménage une fois par semaine dans notre bâtiment et qui bénéficie d’un dispositif de réinsertion ».
La convivialité aux Grands Voisins se joue davantage lors des grands barbecues organisés dès les beaux jours mais aussi dans les cuisines collectives installées dans les bâtiments. La petite équipe de Déclic et des Trucs aime y déjeuner en compagnie de ses voisins d’étage, un ostéopathe indépendant qui plante des graines sur les bordures des fenêtres du bâtiment ou Enquête Asso dont l’activité est de sensibiliser et former à la laïcité dans l’éducation.
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© Sophie Knapp
© Sophie Knapp


































































































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