Page 63 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
P. 63
LE MARCHÉ AUX FLEURS D’AALSMEER HÉBERGE AUSSI LA PLUS IMPORTANTE BOURSE INTERNATIONALE AUX FLEURS.
dans le cadre de grands systèmes idéologiques et confessionnels. Elle procède aussi du sentiment collectif d’un espace soumis aux pressions et aux risques de tous ordres, dont la richesse doit être, pour une large part, puisée à l’extérieur, d’où l’enjeu du rapport au monde, qui se marque dans les infrastructures portuaires et aéroportuaires et des institutions mondiales comme le marché aux fleurs de d’Aalsmeer.
Tout n’était pas gagné pour autant. Les Néerlandais ont réussi, au cours de leur histoire, trois retour- nements spectaculaires.
Le premier est celui, bien connu, de la conquête du territoire sur l’eau et sur la mer, fondement de ce que l’on appelle couramment « l’esprit polder », qui fonde une solidarité de riverains face au risque permanent de submersion. Pour autant, cet esprit communautaire n’est pas exempt de campanilisme, dès lors
L’aménagement du territoire peut-il être démocratique ?
63
qu’un des objectifs des commu- nautés de riverains peut être de détourner la fureur des flots vers les voisins. L’intervention d’un État régulateur, fixant des normes collectives est sans doute un contrepoids nécessaire au risque de fragmentation des intérêts locaux.
Le deuxième retournement est celui, moins connu, du sens de la gouvernance des eaux de la Meuse et du Rhin. Tout au long du XIXe siècle, les Pays-Bas sont gouvernés par l’amont : la France, puis l’Allemagne imposent leur loi aux Néerlandais, de façon à conserver la maîtrise des débou- chés commerciaux sur la mer du Nord. Peu à peu, les Pays-Bas reconquièrent leur autonomie et affirment leur souveraineté sur les ports de la mer du Nord, pour en faire les premiers ports d’Europe, et une source de richesse majeure pour le pays.
Le troisième retournement a consisté, plus récemment, à dépas- ser l’état de langueur dans lequel le pays avait été plongé, suite à ce qu’il est convenu d’appeler «the Dutch desease». Ce terme, forgé dans les années 1970, désigne la désindustrialisation des Pays-Bas, du fait de l’enrichissement du pays grâce à la rente procurée par les gisements de gaz de Groningue. En quelques vingt années, les Pays-Bas sont devenus une puissance industrielle et agricole, dont les exportations, en valeur, dépassent celles de la France.
Le modèle
de développement des Pays-Bas est-il durable ?
© Léna Saffon