Page 62 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)

Quand certaines pratiques illustrent une forme d’exempla- rité démocratique néerlandaise, d’autres grandes installations urbaines - comme le quartier d’Ijburg - nous rappellent les contraintes, les obstacles, les déceptions en matière démocra- tique.
Si cette confiance des gouver- nés envers les gouvernants est possible, c’est qu’elle est réciproque. La participation civique
s’inscrit dans une logique entre- preneuriale, qui nourrit un riche écosystème de projets. Les Néerlandais semblent à l’aise avec l’idée de lancer leurs propres projets, d’améliorer l’espace public à leur échelle parce que leurs initiatives trouvent souvent un écho chez les décideurs publics. Ainsi Saskia Beer, jeune chef d’entre- prise, s’est donné pour objectif de revitaliser un quartier monofonctionnel. Très vite, son
Une véritable
“ ingénierie
de la participation ”
talent et sa motivation déclenchent l’intérêt de la municipalité, qui, depuis, l’accompagne dans la mise en œuvre.
Le gouvernement n’échappe pas pour autant à la tentation de la normalisation. Au nom du dévelop- pement des initiatives civiques, et pour sensibiliser les autres minis- tères à cet objectif, le ministère des infrastructures et de l’environne- ment conçoit, depuis plusieurs années, une véritable «ingénierie de la participation». Ce ministère a publié un manuel pour entrepre- neurs, qui témoigne de la volonté de l’Etat d’être garant de ces projets. Partant d’une bonne volonté, celle de susciter des vocations au sein de la société civile, ce manuel et, plus généralement, les actions du ministère, témoignent aussi d’une tendance à l’encadrement des pratiques «bottom-up». N’y-a- t-il pas là un paradoxe : peut-on normaliser les initiatives civiques sans risque d’assèchement pour l’écosystème entrepreneurial ?
Conclusion
La relation Etat-société est, aux Pays-Bas, encore marquée par des formes de confiances réciproques, qui se traduisent par un consensus sur les grands objectifs nationaux, une pratique de la négociation entre parties prenantes et l’ouver- ture des institutions aux initiatives venues de la société.
Cette relation s’inscrit dans l’héri- tage historique de la «pilarisa- tion», soit une société très large- ment organisée en dehors de l’État,
LES PAYS-BAS SONT LE PRESTATAIRE DE FRET MARITIME LE PLUS IMPORTANT D’EUROPE.
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© Sophie Knapp