Page 60 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
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L’EXTENSION DU PORT
DE ROTTERDAM, MAASVLAKTE 2,
A DONNÉ LIEU À DES NÉGOCIATIONS AVEC LES ASSOCIATIONS DE DÉFENSE DE L’ENVIRONNEMENT.
Cette organisation est l’exact symétrique de ce que l’on constate en France : au Pays-Bas, ce sont les objectifs qui
aux Pays-Bas ne s’exprime donc pas en termes d’équilibre et de soutien affiché aux territoires les
et la gestion de l’eau notamment. Par ailleurs, certains ministères cherchent à nouer des relations directes avec les sociétés locales, en facilitant l’émergence de projets dits « bottom-up ».
L’art néerlandais
de la négociation, une démocratie
des parties prenantes
Les Néerlandais sont parvenus à retourner les contraintes de leur espace pour en tirer un avantage comparatif. Dès le XVIIe siècle, le succès commercial des Pays-Bas s’est fondé sur un atout géogra- phique majeur : leur ouverture sur la mer et le monde. Une tradition qui perdure aujourd’hui avec le port de Rotterdam et l’aéroport Amsterdam-Schiphol, dont les dimensions dépassent largement celles du pays. La stratégie de développement de ces méga-pro- jets, qui cristallisent les revendi- cations d’une multitude de parties prenantes, permet d’observer au plus près la transposition de la culture néerlandaise de la négocia- tion à l’aménagement du territoire. Rotterdam et sa périphérie n’ont constitué pendant des décen- nies qu’une cité dortoir pour les ouvriers du premier port d’Europe et il a fallu attendre le premier choc pétrolier pour que la ville prenne une conscience et une consistance propres. Lors de la conception de Maasvlakte 2, l’extension du port inaugurée en 2013, la Port Authority a revu sa copie plus d’une fois pour mieux articuler le développement du port et celui de la ville et de sa région. Officiellement séparées depuis 2004, les deux entités (ville et port) sont aujourd’hui conscientes de l’interdépendance qui les lie et
font l’objet d’une
définition natio- La maîtrise du territoire
plus fragiles. Ce que souligne avec force un inter- venant, expert
nale précise,
laissant les détails
de la mise en
œuvre aux acteurs
locaux ; en France, la situation est presque inversée : le législateur décrit minutieusement les proces- sus sans que les acteurs locaux se trouvent réellement comptables de la réalisation des objectifs. L’aménagement du territoire
est une compétence unique
du gouvernement central en planification
urbaine : « Plani-
fier, c’est aller là où est l’action ». Autrement dit, le planificateur ne suscite pas le mouvement, il va le chercher et en
utilise les dynamiques.
Certains domaines, néanmoins, connaissent encore une interven- tion forte de l’État, l’agriculture
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© Sophie Knapp